Etudiant tué au Caire : l’ambassadeur d’Italie quitte l’Egypte
L'ambassadeur d'Italie au Caire a quitté l'Egypte dimanche pour protester contre le manque de progrès dans l'enquête sur le meurtre d'un étudiant italien torturé à mort, ont indiqué un responsable aéroportuaire et une source diplomatique. L'étudiant italien Giulio Regeni avait disparu le 25 janvier en plein cœur du Caire, et son corps avait été retrouvé 9 jours plus tard en bordure d'autoroute dans la banlieue de la capitale, atrocement mutilé et torturé. L'affaire a porté un coup sévère aux relations entre l'Egypte et l'Italie, l'un des principaux alliés européens du président Abdel Fattah al-Sissi. L'ambassadeur Maurizio Massari a quitté Le Caire pour se rendre à Rome, a indiqué un responsable de la police de l'aéroport. Une source diplomatique italienne dans la capitale égyptienne a confirmé son départ. L'Italie avait décidé vendredi de rappeler son ambassadeur pour protester contre le manque de progrès dans l'enquête sur l'assassinat de Regeni, après la visite infructueuse à Rome d'une délégation d'enquêteurs égyptiens. A la tête de cette délégation, l'adjoint du procureur général égyptien, Mostafa Suleiman, a affirmé samedi que l'Italie avait demandé l'accès à des milliers de relevés téléphoniques appartenant à «tous les abonnés dans la zone où (Regeni) vivait, dans celle où il a disparu et dans celle où son corps a été retrouvé». Il a jugé que cette demande «violait la Constitution» et constituait une infraction. Les enquêteurs italiens ont aussi réclamé les enregistrements des caméras de surveillance de la station de métro proche du domicile du jeune italien, selon M. Suleiman. Il leur a toutefois expliqué que ces enregistrements s'effaçaient automatiquement, mais que le Caire pourrait se procurer un programme permettant de les récupérer. L'Italie réclame avec force que les coupables soient identifiés et punis, rejetant les multiples versions – accident de la route, crime crapuleux, règlement de comptes personnel… – avancées par les enquêteurs égyptiens. Selon l'autopsie, le jeune étudiant a subi de nombreuses fractures, des coups répétés, des électrochocs sur les parties génitales et des brûlures. La presse italienne et les milieux diplomatiques occidentaux en Egypte soupçonnent des membres des services de sécurité de l'avoir enlevé et torturé à mort. Ce que le gouvernement égyptien démentait avec force, promettant à Rome une «enquête transparente» et «toute la vérité». Giulio Regeni, doctorant de 28 ans de l'université britannique de Cambridge, effectuait un mémoire sur les syndicats ouvriers en Egypte.