La valse française
Par R. Mahmoudi – Les formules dithyrambiques et stéréotypées de Manuel Valls, hier à Alger, nous rappellent les chanteurs égyptiens qui distribuent des flatteries à tire-larigot du genre «je me sens dans mon second pays» ou encore «ce public est le meilleur» où qu'ils aillent. Le même automatisme dans la réflexion et le même entrain dans le discours. C’est que le Premier ministre français – comme tous les autres hôtes, au demeurant – aurait tenu, sans changer une syllabe, les mêmes propos à Tunis, à Abidjan ou à Riyad, en usant du même art de la farce qui, il y a deux siècles, provoqua le fameux coup d’éventail du régent d’Alger face au consul français qui voulait le faire chanter. Ses assurances quant à «l’indestructibilité» de l’amitié entre l’Algérie et la France ne sont, bien évidemment, que des professions de foi auxquelles les Algériens ne peuvent se fier, pour en avoir testé la sincérité et mesuré la nullité à maintes reprises. Ils en ont fait l’amère expérience avec Nicolas Sarkozy qui, en visite à Alger en 2007, chantait les louanges de notre pays, mais n’hésite pas, devant des responsables tunisiens, à vomir sa haine de la terre algérienne en des termes révoltants. C’est la même danse que joue son successeur socialiste, François Hollande, pour qui le gouvernement algérien déroula le tapis rouge, mais qui ne s’embarrassera pas de son alignement, par exemple, sur la cause des Marocains sur toutes les questions qui les opposent à leurs voisins de l’est, sans jamais tenir compte de cette «amitié» qui lierait les deux rives de la Méditerranée, ni de cette vieille promesse de bâtir un «partenariat d’exception», ni même des règles de la bienséance. Manuel Valls est – pour des raisons évidentes de tact diplomatique – de la même lignée de jongleurs. C’est pourquoi il n’y a rien d’étonnant à constater qu’au même moment, le PDG de Renault et de hauts responsables français, qui inauguraient une nouvelle usine au Maroc, gavaient cette monarchie d'éloges et passaient de la pommade à ses dirigeants.
R. M.
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