Quand le Makhzen détourne l’usage d’une déclaration de sa lobbyiste attitrée Rachida Dati
Le régime marocain manipule son opinion publique en remettant au goût du jour une déclaration de sa lobbyiste attitrée, rémunérée par le contribuable français et européen, Rachida Dati. En effet, dans une dépêche datée de ce vendredi 8 avril, l’agence de presse officielle marocaine annonce que «plus de 120 députés européens ont appelé l’Union européenne et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à tenir dûment compte des intérêts stratégiques supérieurs du Maroc». En réalité, il s'agit d'une déclaration de la députée européenne Rachida Dati et de trois de ses collègues pro-Makhzen, dont Louis Michel, l’ancien ministre des Affaires étrangères belge et soi-disant «ami» de l’Algérie qui a tourné casaque. La déclaration remonte au 18 janvier 2016, soit bien avant la crise provoquée par le Maroc dans l’affaire de la visite du secrétaire général de l’ONU dans les territoires sahraouis libérés. Les faussaires de Rabat exploitent indûment ce document vieux de plusieurs mois, dans le cadre de leur campagne contre Ban Ki-moon. Selon des sources très au fait du dossier, la publication de cette vieille déclaration en ce moment précis, est due au fait que le Maroc a réalisé que ses supplétifs au Parlement européen ne parviendront pas à obtenir les 376 signatures requises pour que ce texte rédigé au niveau de la chancellerie marocaine à Bruxelles, puisse avoir le caractère de déclaration officielle de l’institution législative européenne et prenne, en quelque sorte, la forme d’une résolution. Trois mois après sa mise en circulation, cette déclaration n'a récolté que le tiers des signatures requises et elle sera définitivement close le 18 avril prochain, le délai requis pour ce genre d'initiative étant de quatre mois. L'appareil de propagande du Makhzen tente via ses institutions officielles, en désespoir de cause, de recycler en victoire une défaite consommée. Et, sens de l'opportunisme aidant, l’agence de presse officielle, la MAP, réchauffe, loin de toute déontologie journalistique, une déclaration datant de janvier dernier et concernant un problème lié au partenariat entre le Maroc et l’Union européenne, pour en travestir l’objet et l'opposer, ainsi, au secrétaire général des Nations unies, bien qu’elle n’ait, donc, aucun lien avec Ban Ki-moon et la question du Sahara Occidental. Pour rappel, Rachida Dati, Louis Michel, Gilles Pargneaux et Marc Tarabella avaient fait circuler une déclaration écrite à l’intérieur du Parlement européen, dans laquelle ils demandent à leurs collègues de «soutenir» leur action visant à «garder le royaume du Maroc comme partenaire stratégique de l’Union européenne». Les initiateurs de cette opération de lobbying pro-Makhzen se sont convertis en «secrétaires» du roi Mohammed VI, dédiant leur permanence à Bruxelles à la collecte des signatures. Pour convaincre les eurodéputés de la nécessité d’appuyer leur démarche, les quatre lobbyistes ont mis en avant l’importance de faire de ce pays qui hébergeait le fondateur du GIA, ancêtre de Daech, Abdelhak Layada, «un partenaire privilégié en matière de lutte contre le terrorisme». Mais la majorité des députés européens ne sont pas tombés dans le panneau et le plan de la Marocaine Rachida Dati a fait pschitt.
Karim Bouali