L’ancien chef terroriste Madani Mezrag «menace» Bouteflika sur la chaîne américaine CNN
L’ancien chef du bras armé du FIS, Madani Mezrag, revient sur la scène après une longue éclipse qui a suivi son intervention sur la chaîne de télévision Al-Watan, qui a été interdite depuis cette date. C’est un Mezrag plus arrogant que jamais qui s’est exprimé dans cette sortie aussi surprenante que mystérieuse. Interrogé par la chaîne américaine CNN en marge de sa participation à une conférence sur «la lutte contre l’extrémisme» organisée par le Forum mondial de la voie médiane dans la capitale jordanienne, l’ex-chef terroriste maintient sa position quant à sa volonté de déposer un dossier d’agrément pour son nouveau parti, mais dit «patienter quelque temps, en attendant que le climat politique soit favorable», et sous prétexte de ne pas vouloir «mettre l’Etat algérien dans la gêne maintenant». Madani Mezrag a, par ailleurs, nié que les autorités algériennes lui aient refusé la création d’un parti. Evoquant les propos qu’il avait tenus sur Al-Watan TV, Mezrag estime qu’ils étaient «légitimes et conformes à la loi», tout en considérant qu’ils ne visaient pas le président Bouteflika. «Un clan au pouvoir a jugé que nous n’avions pas le droit de constituer un parti. C’est une atteinte à la réconciliation nationale», tonne-t-il. Et d’enchaîner : «Je sais que le Président est malade, mais je suis contraint de m’adresser à lui, parce que la partie qui a pris cette mesure agit dans l’ombre.» Et sur un ton menaçant, il ajoute : «Si le Président ne rectifie pas le tir, je sortirai une déclaration dans laquelle je dirai ce qu’il n’a pas entendu auparavant. J’estime que c’est mon droit démocratique d’émettre une critique envers un gouvernant dans le cadre de la loi», assène-t-il encore. Madani Mezrag affirme que «beaucoup de gens au sein du pouvoir veulent ouvrir le champ politique à l’ensemble des Algériens (comprendre surtout à la mouvance de l’ex-FIS), mais la conjoncture internationale et la vulnérabilité de l’Etat, après la tragédie qu’a traversée le pays, nous imposent d’avancer à petits pas et de supporter encore quelques injustices». Pour se donner une aura d’acteur écouté et incontournable, le gourou islamiste «confie» à CNN que «des discussions sont en cours avec les autorités pour trouver une formule consensuelle concernant le dossier des détenus», parlant de promesses «officielles» pour libérer bientôt 140 prisonniers. Commentant enfin le départ du général Toufik, Madani Mezrag le qualifie de «très normal» : « Il est resté 27 ans (à la tête des services de renseignement, ndlr) ; il était temps qu’il laisse la voie à la nouvelle génération pour qu’elle prenne la relève, dira-t-il. «Mais au vu des événements récents et des conflits politiques, chacun y est allé de son commentaire et de ses projections», a ajouté Mezrag, avant de lâcher : «Il est remplacé par un homme aimable, compétent et un ami. Je suis persuadé que sa présence va accélérer l’option de la réconciliation», a conclu l’ancien chef terroriste, qui faisait assassiner soldats de l’ANP, gendarmes et policiers à partir de son QG installé dans les maquis de Jijel.
R. Mahmoudi