La visite de Valls en Algérie : ultime mise en scène d’une République en déroute
Par Sonia-Linda S. – La récente visite du Premier ministre français, Manuel Valls, en Algérie constitue de l’avis des observateurs à l’étranger l’épilogue d’une série de ratages politiques avérés, dans une République au bord du naufrage. L’équipe dirigée par Valls a sans aucun doute effectué ce déplacement à Alger pour éventuellement faire des affaires ou du moins profiter de la conjoncture économique en Algérie dominée par l’effondrement des prix du brut, pour décrocher des contrats juteux sur le plan commercial, et pour constater de visu l’état du délabrement généralisé dans lequel est plongé le pays sur le plan politique. Cette visite a été ponctuée d’une série de décisions décalées sur le plan diplomatique, dont la plus spectaculaire est le refus du visa à des journalistes opérant pour le compte de plusieurs médias français, qui devaient effectuer le déplacement en Algérie pour assurer la couverture de l’évènement. Un refus motivé selon la version des autorités algériennes par les atteintes délibérées à la personne du président de la République par ces journalistes. Décidément, ceux qui avaient pris une telle décision ont, au vu et au su de tout le monde, commis l’irréparable, il s’agit d’un pas supplémentaire dans la dérision. Cela dit, ce faux pas montre que rien ne va plus dans un grand pays, traîné dans la boue par une équipe dirigeante des plus médiocres de l’histoire contemporaine de l’Algérie. Il s’agit incontestablement de dérives impardonnables et d’agissements qui n’ont rien à envier aux pratiques du régime dictatorial inflexible de la Corée du Nord. Ce comportement a vraisemblablement capté les regards des médias et des analystes de par le monde. Au Royaume-Uni, ces récents développements en Algérie ont entraîné une vague de critiques sur notamment les entraves à la liberté d’information, cette situation a par ailleurs suscité beaucoup d’interrogations sur les réels tenants du pouvoir en Algérie. Aujourd’hui, en tout cas, il n’est un secret pour personne que le président de la République est très mal en point, alors que des doutes ont de nouveau surgi sur ses capacités à gouverner, notamment après le tweet de la photo du Président posté par Manuel Valls. Une photo qui a fait le tour des rédactions de l’ensemble des médias en Grande-Bretagne, et dans laquelle le président Bouteflika apparaît très affaibli. Une autre preuve que l’absence du pilote aux commandes laisse la voie libre au bricolage et à toute sorte de dérives, à l’image de l’intervention du Premier ministre algérien au sujet de la décision du refus par les autorités algériennes du visa aux journalistes français, qui s’est permis de justifier l’injustifiable. Sellal sert aujourd’hui plus de marionnette à la clique qui a pris ses quartiers au palais d’El-Mouradia qu’autre chose. En tout état de cause, l’ensemble des observateurs qui suivent de près la situation en Algérie considère que de tels agissements, somme toute incohérents, émanant de la direction politique qui préside aux destinées de l'Algérie, ne reflètent en aucun cas les aspirations du peuple et de la société algériens, le décalage entre le pouvoir et le peuple est très grand. A tel point que les Algériens ne prêtent plus attention à ce qui se trame dans les sphères du pouvoir, le seul souci des jeunes et de l’élite à l’heure qu’il est, est d’abandonner tout pour un aller simple vers l’étranger en quête d’un lendemain meilleur. Ils ont effectivement très bien compris que leur présence en Algérie est en fait une participation à un jeu de rôles, dans lequel ils sont les otages d’un pouvoir anachronique et sclérosé. Un pouvoir qui n’a absolument rien à offrir aux enfants du peuple, sauf l’institutionnalisation de la corruption, le clientélisme et le favoritisme. L’apparition du nom d’un ministre de la République dans l’affaire des «Panama Papers» est l’exemple le plus frappant du degré du pourrissement du système, et une indication que ce système constitue un moyen pour les dignitaires du régime, ou du mois certains responsables politiques proches du sérail, de s’enrichir et d’accumuler les fortunes personnelles, plutôt que de s’investir pour l’intérêt général. Le constat, il faut le dire, est alarmant. Le drame de l’Algérie est en grande partie lié au vide politique et à l’absence d’une relève pour assurer l’alternance, au statu quo imposé à tout un pays par un clan qui n’est pas prêt à abandonner la partie, et ce, malgré les risques que cette situation pourrait engendrer, notamment l’implosion et ses conséquences imprévisibles sur la sécurité, la stabilité et les fondements mêmes de la République.
S.-L. S.
Londres
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