Le piston, parlons-en !
Par Kamel Moulfi – A court d’arguments sérieux tirés de considérations «pédagogiques», puisque l’on parle d’enseignants et d’éducation, Mme Nouria Benghebrit a eu recours au discours accusateur à propos des voies de recrutement, par «piston» (sic), des contractuels qui revendiquent leur permanisation. Ceux qui ont soutenu la ministre contre le lynchage des islamistes, ont été certainement surpris par la baisse de niveau de son argumentaire dans la bataille qui l’oppose aux enseignants contractuels qui ne veulent pas être les sacrifiés d’une transition hasardeuse. En s’attaquant à la cible, en apparence facile – des enseignants contractuels – et avec une surenchère inutile, la ministre a-t-elle conscience du problème d’ensemble qu’elle soulève ? Combien de fonctionnaires, de responsables, de ministres (tient !) faudra-t-il mettre dehors parce qu'ils ont été cooptés et désignés sur la base de l’acte de naissance et de la loyauté ? Les recrutements par piston n’existent pas seulement dans le secteur de l’éducation. Ils existent dans toutes les catégories de la Fonction publique et dans tous les établissements qui relèvent de l’Etat, qu’il s’agisse de grandes entreprises économiques ou de banques, dans les collectivités locales, les grandes administrations, sans oublier les ministères. Car ce qui est le plus recherché par les «pistonnés», ce n’est pas une place d’enseignant vacataire, avec le salaire qu’il avait il y a quelques années, mais les postes qui ouvrent la voie aux sinécures ici ou – encore mieux – à l’étranger. C’est là où le piston règne en maître absolu. Dans les meilleurs des cas, quand le mérite est pris en compte, à égalité de qualifications et d’aptitudes, c’est le passe-droit qui départage et non pas une autre voie plus «objective» ou «neutre». La ministre soulève un problème de fond, mais les enseignants contractuels ne doivent pas être les seuls à subir les conséquences d'un système de recrutement à tous les niveaux basé sur le népotisme, le régionalisme, les intérêts, la corruption, etc. On peut même dire que la règle générale, c’est le piston, à mille lieues du principe républicain de l’égalité des chances. C’est la ministre qui a mis le doigt sur la plaie. Alors, chiche, ouvrez ce dossier en commençant par le sommet de l'Etat !
K. M.
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