Selon les organismes de voyage internationaux : le passeport algérien est mal classé pour les visas
Des organismes de voyage établissent périodiquement, en général annuellement, sur la base d’une enquête et des critères précis, le classement des passeports internationaux (seuls les passeports biométriques sont pris en considération, près de 200 au total) pour déterminer le «poids» de chaque Etat en fonction des visas requis pour leurs citoyens respectifs pour se rendre dans différents pays. Pour certains médias, en fait, les scores reflètent le poids des différents pays dans les relations diplomatiques. L'Algérie est en bas du classement. Sur un de ces classements, que l’on peut consulter sur divers sites électroniques spécialisés, on trouve notre pays pas très loin de l’Afghanistan et de l’Angola (et pas pour une raison liée à l’ordre alphabétique). On se souvient que, fraîchement élu, en 1999, Bouteflika promettait qu'il allait replacer l'Algérie dans le concert des nations. Il n’en est rien au vu du classement des passeports selon le nombre de pays que l’Algérien peut visiter sans avoir besoin d'obtenir un visa, ou dans lequel il peut obtenir un visa lors de son entrée dans le pays, sans avoir à présenter une demande préalable. Par contre, pour le prix (6 000 DA à convertir en euros qui est la monnaie du classement) et la durée de validité (10 ans), le passeport adulte algérien est classé parmi les premiers. Malheureusement, il ouvre moins de frontières que d'autres, comme peuvent le faire le Suédois ou l’Allemand dont les passeports, classés en tête, offrent toutes les facilités pour se déplacer dans le monde. En 2016, le passeport allemand (qui coûte 59 euros) ouvre les portes de 177 pays sur 218, suivi par le passeport suédois (37 euros) qui permet de visiter 176 pays sans visa, juste devant la France (86 euros), ex-aequo avec la Finlande, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni, qui atteignent le score de 175 pays à visiter sans visa. Au passage, on comprend que le passeport suédois soit celui qui est le plus vendu au marché noir. Les premiers pays arabes dans ce classement sont les Emirats arabes unis (75 pays sans visa, le passeport coûte 12 euros) et le Qatar (75 pays). Sur le continent africain, c’est l’Afrique du Sud qui vient en tête (97 pays sans visa). Même les conditions d’obtention du visa pour passer une frontière ne sont pas les mêmes d’un pays à un autre. Les Algériens sont bien placés pour le savoir. Elles sont rarement simples pour nos ressortissants et plutôt difficiles à réunir : lettre d'invitation, réservation d’hôtel, certificat d’hébergement et, en plus, le billet retour à l’entrée dans certains aéroports… Avant de voyager, il n’y a pas pire tracasserie pour les Algériens que les visas, maintenant que la délivrance du passeport a été débureaucratisée (pas de fiche de police, notamment, et procédures directement à la mairie, attente réduite), étant entendu qu’aucune restriction administrative ou policière n’enlève aux Algériens la possibilité d’obtenir un passeport. Cette situation fait des heureux chez nos voisins tunisiens qui accueillent les Algériens par millions grâce à la dispense de visa. Mais le privilège de voyager sans être obligé d’avoir un visa n’existe pour les Algériens que dans à peine moins d’une cinquantaine de pays. L’obligation du visa se présente souvent comme une forme de discrimination qui n’entre pas dans la catégorie d’atteintes aux droits de l’Homme et qui est donc tolérée. Aucune déclaration de l’ONU n’impose l’égalité entre les passeports. La libre circulation des personnes ne bénéficie pas du même traitement que la libre circulation des marchandises dont s’occupe l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ne parlons pas de la circulation des idées, sans entraves aux frontières avec Internet et les chaînes satellitaires de télévision.
Houari Achouri