De cauchemar en cauchemar
Par Karim Bouali – Coup sur coup, les citoyens sont secoués par des informations qui leur font craindre le pire pour l’avenir du pays. D’abord, le retour déroutant de Chakib Khelil. Les Algériens s’attendaient à tout, sauf à voir l’ancien ministre de l’Energie – dont le nom a été cité par quasiment tous les accusés dans l’affaire Sonatrach comme étant le principal ordonnateur de toutes les transactions et de tous les dossiers en cause – rentrer au pays et y être reçu comme un héros. L’hommage rendu par une confrérie religieuse a achevé de désarçonner une opinion publique médusée par l’attitude arrogante des autorités publiques qu’ils interprètent comme un pied de nez. Puis, à peine se remettaient-ils de cet affront, qu’ils se réveillèrent sur un autre scandale : les «Panama Papers» que le pouvoir a savamment détournés en criant au complot et à l’atteinte au «symbole de la guerre d’indépendance» qu’est le président Bouteflika, pour avoir figuré en Une du journal Le Mondeaux côtés d’autres chefs d’Etat visés par l’opération médiatique. Par un tour de passe-passe ingénieux, la rue a fini par se focaliser sur la réaction officielle de l’Algérie, oubliant jusqu’au contenu des documents révélés par une officine secrète dont l’objectif – il faut l’avouer – se situe à mille lieues d’une soi-disant volonté de lutter contre le crime économique transfrontalier. Les observateurs avertis ayant compris dès le départ que les auteurs de cette fuite internationale veulent, à travers cette divulgation, punir les ripoux qui ne déposent pas leur argent sale dans les banques américaines et obliger ceux dont les noms n’ont pas été cités à méditer. Sellal fut chargé de nous faire avaler une couleuvre, lors de sa conférence de presse conjointe avec son homologue français, en attestant que l’Algérie «refuse qu’il soit porté atteinte à un symbole national» (sic). Sauf que le journal français n’a pas publié la photo d’un «symbole» comme le prétend Sellal, mais d’un président en exercice, pour faire référence à l’implication de responsables politiques algériens dans l’affaire des sommes d’argent colossales cachées au Panama, pour fuir le fisc local. Enfin, à peine se remettaient-ils de ce énième épisode de l’interminable thriller, qu’ils se retrouvent face à une image inquiétante de leur président postée par l’hôte français de l’Algérie, Manuel Valls, sur son compte Twitter. L’étonnement fut d’autant plus grand que les médias officiels nationaux ont, eux, rediffusé une ancienne image de Bouteflika recevant Manuel Valls en tant que ministre de l’Intérieur, en 2012. L’entourage de Bouteflika qui a ordonné que ne soient pas montrées les images de l’audience de dimanche dernier a-t-il honte de montrer le président de la République dont il vante pourtant les mille et un mérites ? Pendant ce temps, les Algériens se livrent, groggy, à leurs banales occupations quotidiennes, en attendant le prochain cauchemar.
K. B.
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