Torture endémique dans les territoires sahraouis occupés : le Maroc dans le viseur de Washington
Le royaume du Maroc est de plus en plus acculé sur les atteintes répétées et multiples aux droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Après le cri d’alarme lancé le 19 mars dernier par Amnesty International, c’est le département d’Etat américain qui rend public un rapport accablant sur le traitement inhumain que les autorités marocaines font subir aux populations sahraouies. Disparitions forcées, privation des libertés, emprisonnement arbitraire, torture, le rapport tire le tocsin dans un contexte où les Nations unies sont vivement appelées à non seulement maintenir, mais aussi élargir la mission de la Minurso à la question de la surveillance des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Le département d’Etat se base, dans l’élaboration de son rapports, sur des faits relatés et dénoncés par des ONG internationales, mais aussi sur les rapports de l’ONU qui ont tous signalé les atteintes aux droits de l’Homme et dénoncé l’usage de la force de manière démesurée par les services de sécurité du Makhzen, qui excellent dans les passages à tabac et les mauvais traitements infligés aux détenus qu’ils soient politiques ou de droit commun. Le département d’Etat se réfère également aux données révélées le mois dernier par Amnesty International, relatives aux traitements inhumains subis par 173 Sahraouis, dénonçant l’impunité ambiante. «Le rapport d’août 2014, élaboré par le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, a fait état de nombreuses plaintes enregistrées contre les autorités marocaines contrôlant la région occupée de Laâyoune. Il a même été signalé l’utilisation de la torture pour extorquer des aveux aux militants sahraouis réclamant l’indépendance», a relevé le département d’Etat qui précise que cette pratique est répandue dans les interrogatoires de militants sahraouis accusés à tort d’appartenance à des organisations terroristes. Ces pratiques de torture ont été signalées essentiellement dans le cas de la détention provisoire. Autrement dit, avant le procès. Parmi les techniques utilisées par les sbires du Makhzen, il y a la torture par l’eau, l’électrocution, la suffocation avec des chiffons humides trempés dans l'urine ou des produits chimiques, les brûlures de cigarettes et la pendaison par les bras ou les pieds pendant des périodes prolongées. Les victimes de cette torture atroce sont souvent des participants à des manifestations et des protestations contre le régime marocain. Le département d’Etat parle aussi des constats établis par l’Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l'Homme (ASVDH). Cette association a maintes fois fait état d’arrestations et de détentions arbitraires pour de «pseudo affaires criminelles». Selon le rapport du département d’Etat, 27 accusations d’abus en prison ont été signalées l’année dernière par l’Observatoire marocain des prisons. Tous ces abus ont été commis dans les villes sahraouies occupées Laâyoune, Dakhla et Guelmim. Ce rapport du département d’Etat confirme les constats faits par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, suite à sa visite dans les camps des réfugiés sahraouis et ses discussions avec les responsables du Front Polisario. D’ailleurs, dans quelques jours, le secrétaire général de l’ONU devra présenter son rapport sur la situation au Sahara Occidental. Un rapport qui sera examiné par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Sonia Baker