La chaîne qatarie Al-Jazeera s’apprête à jeter ses propagandistes «vedettes» au rebut
L’empire médiatique de la famille régnante à Doha s’effondre avec grand fracas. Après l’annonce de la fermeture définitive d'Al-Jazeera America cette semaine, le même spectre plane désormais sur toutes les autres chaînes appartenant au groupe Al-Jazeera, avec son lot de licenciements massifs. A Washington, plus de 850 fonctionnaires ont été remerciés et ses douze bureaux répartis à travers les Etats-Unis fermés. Résultat des déficits budgétaires énormes (16 milliards de dollars pour la seule année 2015), mais surtout d’une perte d’audience exponentielle, cette décision de fermeture était prévue depuis plusieurs mois, puisque, selon un institut de sondage, l’audience d’Al-Jazeera America n’a jamais pu dépasser 20 000 téléspectateurs ; un niveau qui ne saurait attirer les annonceurs, à un moment où la maison mère ne pouvait plus se permettre de travailler à perte, crise économique oblige. Racheté à l’ancien vice-président américain Al-Gore, pour un prix de 500 millions de dollars, cette chaîne n’a jamais engrangé de profits, en dépit des sommes colossales (plus de 1,5 milliards de dollars) qui y ont injectés comme investissements. Après donc la fermeture d’Al-Jazeera America, des sources médiatiques arabes annoncent la fermeture prochaine d’Al-Jazeera Turquie et d’Al-Jazeera Balkan, et aussi l'annulation du projet de lancement d'une nouvelle chaîne en Grande-Bretagne. Selon le journal arabe Raï Al-Yawm, l’échec de l’expérience américaine a dissuadé les promoteurs de la chaîne à Doha de se lancer dans une aventure dans le monde anglo-saxon. Ce qui a amené la direction à annuler des contrats de travail avec une centaine de fonctionnaires recrutés dans le cadre de ce projet. A ce rythme, la maison mère va finir par fermer toute ses succursales, pour ne laisser que les bureaux de Doha, estiment les observateurs avertis de la scène médiatique arabe. Encore que la direction a déjà prévu des mesures restrictives draconiennes, avec des licenciements en chaîne notamment des «présentateurs vedettes» au profit de nouvelles recrues, beaucoup moins exigeantes en matière de rémunération, tout en commençant à réduire les personnels des différents bureaux disséminés à travers le monde. D’ailleurs, tous les anciens journalistes vivent dans cette hantise d’être licenciés à tout moment, malgré les assurances renouvelées de la direction de limiter les compressions à certains services «pléthoriques».
R. Mahmoudi