Ahmed Ouyahia admet : «La maladie du président Bouteflika a réduit son énergie»
Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND) a affirmé ce samedi, dans un message adressé aux militants de son parti, que l’«atteinte» à l’image du président Bouteflika «est une manœuvre coordonnée par certains entre Paris et Alger». Ahmed Ouyahia accuse ainsi des parties à l’intérieur du pays de vouloir porter atteinte aux institutions de l’Etat. Mais c’est surtout aux «revanchards français» que le directeur de cabinet de Bouteflika s’en prend violemment. «En effet, écrit-il, en France, qui veut bâtir un partenariat d’exception avec l’Algérie, subsistent toujours des revanchards qui ne veulent pas admettre que l’Algérie est bien indépendante.» «Ces colonialistes revanchards acceptent encore moins que l’Algérie défende ses intérêts régionaux, ou qu’elle dénonce les atteintes à ses propres institutions, à leur tête le président de la République, ou, mieux encore, que l’Algérie défende ses intérêts économiques», s’insurge Ouyahia qui joint ainsi sa voix à celles du président du FCE, Ali Haddad, et du secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd (voir article par ailleurs). Pour Ahmed Ouyahia, «la réaction de ces revanchards a été une exploitation éhontée d’une image du président Bouteflika, comme s’il n’arrivait pas à de hautes personnalités françaises en parfaite santé de s’endormir, même durant des activités des plus officielles», ironise le secrétaire général du RND, qui se joint à la campagne enragée contre les médias français pour avoir montré le véritable état physique du chef de l’Etat. «Les revanchards ont cru avec leur photo créer un évènement et ont compté sur une certaine opposition politique et médiatique algérienne pour les relayer ici, et remuer l’opinion publique algérienne», accuse Ahmed Ouyahia qui semble réagir avec emportement. «Le RND, maugrée-t-il, condamne fermement ce comportement abject des revanchards français et de certains médias français qui les ont relayés. Il condamne aussi, avec la même sévérité, leurs relais dans notre pays.» Mais Ouyahia n’explique pas ce qu’il reproche exactement à ces médias français et algériens : leur en veut-il d’avoir diffusé la photo du Président le montrant extrêmement affaibli, le regard absent, ou d’avoir commenté l’image d’un Président aux capacités physiques extrêmement réduites ? Ahmed Ouyahia contourne le problème et parle d’«incompréhension persistante» des «revanchards français» qui «ne comprendront jamais rien à l’Algérie». Un raisonnement difficile à comprendre, au demeurant. «Quant à leurs relais locaux, dénonce-t-il sans les citer, ils confirment, eux aussi, qu’ils sont coupés de leur propre peuple, enfermés dans leurs salons ou dans quelques sites sur la Toile.» Le secrétaire général du RND laisse entendre qu’il n’est pas rare de le voir déambuler dans les rues crasseuses d’Alger ou s’attabler à une terrasse de café, sans gardes du corps, non loin du siège de son parti à Ben Aknoun ou à Alger-Centre. Tout en souhaitant une «prompte guérison» au président Bouteflika, Ahmed Ouyahia n’en avoue pas moins que sa maladie a «réduit son énergie» et que son infirmité «a accru l’affection du peuple pour lui», puisque, martèle-t-il, «les réalisations de Bouteflika, c’est un pays qui avance et c’est un peuple profond attaché à son Président». Le fort taux d’abstention aux différentes élections et le contournement du référendum comme moyen d’adoption de la nouvelle Constitution et son remplacement par les voix intéressées de quelques dizaines de députés mal élus ne prouvent-ils pas le contraire ?
Karim Bouali