Position du FLN sur la question sahraouie : rebuffade des militants ou remontage de bretelles ?
La base du FLN est-elle en train d’échapper peu à peu au contrôle de son inénarrable secrétaire général ? A lire la longue déclaration sanctionnant la réunion des cadres des wilayas du Sud (Tindouf, Illizi, Adrar et Tamanrasset), tenue ce week-end au siège de la mouhafadha d’Illizi, en présence d’un membre du bureau politique et de plusieurs membres du comité central, et dans laquelle les participants affirment, entre autres, «réitérer leur soutien au gouvernement algérien et à la légitimité internationale dans l’autodétermination du peuple sahraoui», on ne peut s’empêcher de le penser. Une orientation qui tranche très clairement avec la position décalée que prônait, il y a quelques mois, le patron contesté du parti, Amar Saïdani, sur la cause sahraouie, affirmant avoir une «position différente» de celle adoptée par les institutions officielles de l’Algérie sur cette question, qu’il promettait de «dévoiler un jour». Il était allé même jusqu’à prêter foi aux thèses, foncièrement anti-algériennes, du royaume du Maroc sur cette question et sur ses relations avec l’Algérie. Les militants des wilayas du Sud ont-ils conscience de cette démarcation idéologique de taille, en intégrant dans leur déclaration finale leur soutien à l’autodétermination du Sahara Occidental ? En tout cas, ce rappel s’apparente à une cinglante rebuffade au discours du secrétaire général sur la question sahraouie. Un revirement qui ne peut avoir que deux explications : soit Saïdani est un saltimbanque politique qui ne représente, finalement, que sa propre personne et qui est coupé de sa base. D’où, sans doute, son souci, traduit par des instructions persistantes, d’ouvrir les portes du parti à de nouvelles adhésions et de restructurer les mouhafadhas, en en créant plus d’une dans chaque wilaya. Soit il a été rappelé à l’ordre par ses parrains qui lui assurent cette incroyable longévité à la tête du vieux parti. On sait que, depuis cette date, plusieurs responsables du Front Polisario, dont le président Mohamed Abdelaziz, ont été reçus au plus haut niveau à Alger. Le chef d’état-major de l’ANP, lui-même, a pris part, début avril, à une réunion de travail entre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et son homologue sahraoui, pour exprimer le soutien inébranlable de l’Algérie à cette question de décolonisation du Sahara Occidental et effacer tous les doutes distillés par le révisionniste Amar Saïdani.
R. Mahmoudi