Le CCG et le Maroc créent un «syndicat des monarchies» et se liguent contre le peuple sahraoui
Le roi d’Arabie Saoudite a affirmé, à partir de Riyad, que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) «soutient le Maroc» dans le conflit du Sahara Occidental. C’est Al-Arabiya, le média appartenant à la famille royale saoudienne, qui rapporte les propos de Salman Ben Abdelaziz, tenus à l’occasion du sommet CCG-Maroc qui a eu lieu ce mercredi. «Les pays du Golfe sont solidaires avec le Maroc, notamment en ce qui concerne la question du Sahara», a affirmé le roi saoudien. De son côté, le roi du Maroc a remercié ses donateurs pour «le soutien matériel et moral des Etats du Golfe», soulignant que «la sécurité du Golfe et du Maroc est une et indivisible». Le ministre saoudien des Affaires étrangères a enfoncé le clou, déclarant dans une conférence de presse conjointe avec son homologue marocain, Salah-Eddine Mezouar, que «Riyad soutient l’initiative d’autonomie proposée par Rabat sur la question du Sahara». La lune de miel entre la monarchie marocaine et ses protecteurs du Golfe ne date pas d’aujourd’hui, rappellent des sources proches du dossier, contactées par Algeriepatriotique.«Ce n’est pas nouveau, sauf que le Maroc et le CCG clament cette alliance haut et fort désormais», expliquent nos sources, qui précisent que le «rapprochement stratégique» entre le Makhzen et les richissimes monarchies du Golfe s’est opéré en 2011, «en réaction à la déferlante du soi-disant printemps arabe». Un rapprochement mû «par un instinct de survie qui a poussé les pays du Conseil de coopération du Golfe à créer un club ou un syndicat des monarchies arabes», ironisent nos sources. Le Maroc apporte l'importance numérique de ses forces armées contre des subsides et des facilités pour l’établissement de sa main-d'œuvre dans les pétromonarchies du Golfe. Le Makhzen a, en effet, été contraint de participer à l’agression armée saoudienne contre le Yémen, au même titre que la Jordanie, une autre monarchie qui ne doit sa survie qu’aux pétrodollars injectés par le CCG, et l’Egypte qui s’apprête à céder deux îles à Riyad contre le financement de nouveaux armements destinés, en premier lieu, à défendre les intérêts saoudiens. Le sommet Maroc-CCG de Riyad vise, en fait, «à renforcer les contours d'une alliance et d'un pacte militaire qui se positionnerait principalement contre l’Iran et son influence régionale», notent encore nos sources. Ce sommet était-il inscrit dans l’agenda de la visite, début avril, de Tayeb Belaïz en Arabie Saoudite ? L’envoyé spécial du président Bouteflika à Riyad n’avait pas nié, en effet, dans une déclaration à la presse, l’existence de divergences profondes entre les deux pays. «Les différends entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite ne sont pas de nature à altérer la relation fraternelle qui lie nos deux pays», avait relativisé le ministre d’Etat et conseiller du président Bouteflika, affirmant toutefois que l’Algérie «respecte une doctrine héritée de la guerre de Libération nationale et basée sur le principe de non-intervention dans les affaires internes des Etats». Mais les rois ne semblent pas enclins à ouvrir une nouvelle page dans leur relation avec l’Algérie. Ils ont jeté leur dévolu sur le Maroc, plus docile et trop faible pour pouvoir imposer son point de vue sur la scène arabe.
Karim Bouali