Les opérateurs économiques dénoncent de nouvelles dispositions «inutiles» imposées par les banques
Une note du Crédit populaire d'Algérie (CPA), datée du 21 avril et adressée à ses clients, exige des importateurs de leur fournir au préalable un dossier complet de leur situation fiscale. Le nouveau dossier doit comprendre notamment les derniers bilans, le tableau des comptes de résultats, une situation fiscale et parafiscale apurée, en plus des titres d’occupation du siège, des dépôts et des annexes, tout en demandant un arrêt immédiat de toute domiciliation, même dans le cas où les marchandises sont en stationnement au port. En outre, le dossier fourni doit être étudié par un comité de crédit devant donner son autorisation avant la domiciliation définitive, et cela, même dans le cas où la pré-domiciliation a déjà été accordée au demandeur. Contactés, de nombreux opérateurs économiques nous ont fait part de leurs inquiétudes et appréhensions quant aux conséquences de ces nouvelles dispositions sur l’activité d’importation dans notre pays, «sans distinction aucune entre importateurs de matières premières et importateurs de produits finis». Ils estiment que cette autorisation administrative bancaire supplémentaire est d’autant plus «inutile» qu’elle risque de favoriser les passe-droits et d’engendrer des lenteurs supplémentaires qui ne peuvent qu’être «préjudiciables» aux importateurs qui y sont assujettis. Notre source explique que, désormais, aucune domiciliation au niveau de la banque primaire ne peut être effectuée. Autrement dit, l’opérateur ne peut même pas dédouaner sa marchandise, quand bien même celle-ci demeurerait stationnée au port, tant que la banque refuse de lui remettre les documents nécessaires pour ce faire. Alors que, jusque-là, rappelle-t-on, l’opérateur pouvait retirer lesdits documents auprès de la banque pour dédouaner sa marchandise dès l’arrivée de celle-ci au port. L’opération ne souffrait généralement d’aucun retard, surtout quand le demandeur n’est tenu ni par un engagement avec la banque ni par un crédit. Or, avec le comité de crédit nouvellement institué, il faudrait s’attendre à des tracasseries «sans fin» et des lenteurs qui en décourageront certainement plus d’un, s’indignent nos interlocuteurs. Une nouvelle mesure bureaucratique qui risque d’aggraver la pénurie de plusieurs produits et de faire exploser les prix. Et, encore une fois, c’est le consommateur qui trinquera.
R. Mahmoudi