Mystérieux rituel de Chakib Khelil : les zaouïas pour faire amende honorable ou se préparer pour 2019 ?
L’ancien ministre de l’Energie en est à sa troisième visite dans une zaouïa, ces confréries religieuses soufies qui prônent un islam tolérant et auxquelles le président Bouteflika a toujours eu recours avant, pendant et après son élection. Pré-campagne électorale pour la présidentielle de 2019 ou absolution des «péchés» pour lesquels Chakib Khelil est devenu l’ennemi numéro un des Algériens qui voient en lui l’extorqueur des revenus pétroliers du pays ? Pour le moment, les visites de celui dont le nom est cité par les accusés dans l’affaire Sonatrach comme étant l’ordonnateur de toutes les décisions qui les ont conduits en prison – et pas lui –, semble faire de ces lieux de culte ancestraux son terrain de prédilection pour se défaire de l’image de pillard qui lui colle à la peau. Ses visites sont systématiquement couvertes par certains médias et ses déclarations, toujours éloignées du sujet sur lequel les Algériens l’attendent de pied ferme, ressemblent moins à des avis personnels d’un Algérien «comme les autres» qu’à un discours de campagne. Pour quelle fonction ? Si d’aucuns écartent la possibilité que Chakib Khelil puisse se présenter à l’échéance de 2019 pour succéder à Bouteflika, vu sa cote de popularité très basse, d’autres – et ils sont de plus en plus nombreux – n’excluent pas cette éventualité, arguant que Chakib Khelil a eu tout le temps de bâtir une réputation internationale. Une réputation acquise grâce à sa fonction de conseiller auprès de la prestigieuse et non moins très influente Banque mondiale, puis à la tête de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) qu’il a présidée durant deux mandats successifs. Selon ces analystes, l’opinion publique locale ne compte pas. Ce qui compte, disent-ils, ce sont les institutions internationales et les puissances occidentales qui semblent avoir donné leur quitus à l’ami de Bouteflika. Alors, Chakib Khelil futur président ? «Pourquoi pas ?» répondent les observateurs avertis de la scène politique nationale qui étayent leur argumentation par le peu d’intérêt accordé par la rue algérienne au retour de Chakib Khelil et son accueil en grande pompe par les autorités officielles à sa descente d’avion à l’aéroport d’Oran. Les autorités, qui savent que les citoyens ne «réclameront pas justice» et que ceux-ci, habitués par le régime à la vie facile, sont plus préoccupés par le sort qui sera réservé à leurs nombreux avantages sociaux (quasi-gratuité du logement, gratuité des soins, gratuité de l’école et de l’université, pérennité de l’emploi sans obligation de résultat) acquis dans le cadre de la sauvegarde de la paix sociale dans le but de maintenir le système rentier en place. Les trois visites de Chakib Khelil aux confréries de Djelfa, Mascara puis, ce jeudi, à deux autres à Tissemsilt, une région de l’ouest du pays où la pauvreté atteint des sommets, ne sont que le début d’un long pèlerinage à travers le pays qui sera sans doute couronné par une annonce officielle. Laquelle ? On le saura à l’approche de ce qui est censé être le dernier mandat de Bouteflika. Attendons pour voir comment et quand tout cela se mettra en œuvre !
M. Aït Amara