Les Saturnales de Bernard-Henri Lévy doivent cesser (I)
Tafsut ! Le printemps ! Regardez dehors : la sève irrigue, de nouveau. Les arbres sont en fleur. Le printemps, dans les traditions berbères, est attendu, fêté, aimé, partagé entre les membres du village. Ils descendent, les villageois ! Ils se rencontrent, mangent ensemble, dehors, pour profiter de cette renaissance des beaux jours et de l'espoir de riches récoltes.
Tafsut ! Le printemps ! Regardez dehors : la sève irrigue, de nouveau. Les arbres sont en fleur. Le printemps, dans les traditions berbères, est attendu, fêté, aimé, partagé entre les membres du village. Ils descendent, les villageois ! Ils se rencontrent, mangent ensemble, dehors, pour profiter de cette renaissance des beaux jours et de l'espoir de riches récoltes.
Tafsut, dites-vous ? Mais… mais… le printemps n'est pas une période féconde pour tous, décidément. Effectivement, certaines personnes – et non des moindres ! – connaissent à cette période saisonnière une montée de leurs obsessions morbides et sanguinaires. C'est une crue à rebours du cycle de la vie – pourtant joyeuse et solaire. Désormais, ces personnes rêvent de fêter leurs Saturnales(1) et coloniser le printemps de leurs orgies sanguinaires. Misère !
Le printemps dans notre tradition algérienne, en Kabylie, annonce des fruits féconds, un réveil fulgurant, de toute beauté, de la nature. Nos amandiers, nos oliviers, nos figuiers, tous, nous offrent leurs passions, leurs sourires rieurs et innocents. Leur douceur. Chez d'autres personnes, le printemps est devenu le temps pour ouvrir les portes noires de l'hiver, l'hiver des morts… La terre vomit le sang des innocents et notre silence se fait complice et criminel. Certaines personnes n'ont de cesse à avoir un dérèglement cyclique, une fois que le printemps arrive. Non contentes d’être les actrices de leur situation, de déchoir à chaque printemps, elles s’échinent à nous pousser à leur ressembler, à servir leurs idoles de morts. Misère ! Ces personnes, par ailleurs, occupent littéralement le champ médiatique et le champ des idées «autorisées». Elles poussent à la haine, à la guerre, tout en vendant cette soupe informe et récurrente d’ingérence politique et osent, toute honte bue, nous la présenter sous une étiquette charmeuse : «produit philanthropique». Guerre philanthropique… Les mots sont en dépression depuis bien trop longtemps, depuis le temps où des philosophes tristes, obsessionnels, à l'esprit brumeux et en roue libre, ont décidé de nous inoculer leur virus psychopathe : détruire toute forme de nation n'ayant pas reçu l’agrément de leur majestueuse «philosophie». Philosophie, amour de la sagesse ? Non, les mots ont perdu leur sens.
Bernard-Henry Lévy est une de ces personnes qui ne cessent de mettre le monde à feu et à sang, par philanthropie, vous dit-on ! The magnificent BHL(2), jouant le VRP (voyageur et représentant et placier !) de la mise en route des guerres. La définition de VRP dans le champ professionnel est : «un salarié dont la fonction est de démarcher une clientèle de particuliers ou d’entreprises pour le compte d’un ou plusieurs employeurs». L’idée du VRP est là : il suffit de la plaquer au chamboulement inédit – et pour le moins sujet à question – de toute la région (qui mène du Sahel jusqu’à l'Irak). Fameux printemps arabes ! Spontanées révolutions colorées ! Et vos mouchoirs pour pleurer votre sottise de ne pas avoir réussi à comprendre le sens profond de ce seigneur des causes philanthropiques ! Bernard-Henry Lévy a poussé jusqu’à l’hystérie la fabrique de l'opinion publique (son vrai job) pour le bombardement de la Libye. Il n'existerait donc plus de (vrai) ministre des Affaires étrangères (indépendant) en France qui puisse remettre à sa place ce jeune homme pur, cet Icare(3) des temps actuels ? Question innocente que nous devrions poser à BHL, tant notre intelligence a besoin de ses éclairages : pourquoi, oui pourquoi, aucune monarchie du monde dit arabe n'a été frappée par ces révolutions printanières ? Arabie Saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Jordanie, Maroc, Qatar ? Pourquoi ? La Libye est devenue «une guerre du Vietnam» aux portes de l'Europe, les issues sont encore inconnues, mais le monde s’inquiète. Pour cause ! Sous couvert de révolution printanière chronique dite arabe, des nations entières sont tombées tels des châteaux de cartes, dans un scénario similaire, presque identique, tel un «film». Toujours avec le soutien – étrange – des gouvernements européens à ceux qu'ils combattent sur leur sol depuis les attentats récents qui ont frappé l'Europe. Combattus en France, oui, néanmoins, on soutient les pays qui financent le terrorisme. Les contrats de l'arsenal militaro-industriel dirigent leur éthique désormais. Difficile de suivre la casuistique béachélienne : nous ne devons pas avoir sa fine intelligence, assurément. Les mots sont morts, ils ont été assassinés par notre silence partout sur cette planète. Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, Irak, Liban, Yémen. Quel est le prochain pays sur cette liste infernale ? L’Algérie ?
Bernard-Henri Lévy revient à la charge ! La Libye, ça ne suffit pas ! La Tunisie non plus ! La Syrie pas encore ! Non ! Il faut encore et encore des morts, ces fameux dommages collatéraux avant d'atteindre le nirvana humanitaire mondial qui sied au Moloch(4) de notre temps. Misère, nous ne savons toujours pas goûter le génie de cet Hercule(5) !
Dahbia Ifacène
Les Ifacène têtues
(1) Les Saturnales sont des fêtes romaines antiques, elles se déroulaient durant la période proche du Solstice d'hiver, autour du 17 au 24 décembre. On y fêtait le dieu Saturne : c’était un temps de débordement, de débauches, de manifestations violentes de pouvoir, de vices… qui dit mieux ?
(2) Marque déposée.
(3) Icare, un personnage de l’Antiquité, avait eu l'arrogance de vouloir s'approcher du Soleil, avec ses ailes de cire et de plumes. Grisé par le vol, sa surestimation de lui-même causa sa chute.
(4) Moloch, dans la Bible, est le nom du dieu auquel les Ammonites, une tribu cananéenne, sacrifiaient leurs premiers-nés en les jetant dans le feu. Dans les traditions chrétienne et juive kabbalistique, cela devient le synonyme du démon. Cool !
(5) Hercule, fils de Zeus, entre un jour dans une rage meurtrière et tue ses enfants.
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