Bouteflika boude les hôpitaux français après l’affaire du journal Le Monde et le tweet de Manuel Valls
Le choix du président Bouteflika de se rendre dans la ville helvétique de Genève pour suivre ses contrôles médicaux est-il une réponse à la publication par le journal Le Monde de sa photo dans l’affaire dite «Panama Papers» et la diffusion de l’image de l’audience qu’il a accordée au Premier ministre français, Manuel Valls, le 12 avril dernier ? Tout porte à le croire. D’habitude, le président de la République effectue ses contrôles périodiques en France, plus exactement à la clinique d’Alembert à Grenoble. Il faut rappeler que le président Bouteflika avait d’abord reçu ses soins à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, avant que cet établissement militaire soit transformé, depuis fin 2014, en «pôle d’excellence» spécialisé dans la recherche. Depuis cette date, le chef de l’Etat a suivi son médecin traitant qui exerce désormais à la clinique d’Alembert à Grenoble. Reste à savoir si cette décision participe d’une stratégie politique globale et définitive dans les relations politiques avec la France ou si c’est une réaction à chaud, susceptible d’absorber la colère suscitée par ce qui est perçu à Alger comme une offense impardonnable, voire un «complot» visant à saper le moral des Algériens, en attendant que la tempête passe et que les choses reviennent à la normale. Parce que ce n’est pas la première fois que les relations algéro-françaises ont été mises à mal par des attitudes indélicates émanant de certains dirigeants français – de Sarkozy à Hollande, en passant par l’ex-ministre de la Défense Gérard Longuet –, mais qui se normalisaient très rapidement, à la faveur d’une visite officielle ou d’un message promettant, à chaque fois, une amélioration des relations entre les deux pays dans tous les domaines. Il faut dire aussi que le gouvernement ne s’est, à aucun moment, plaint officiellement de la sortie de Manuel Valls. Seules des organisations proches du pouvoir (UGTA, FCE, etc.) et quelques institutions officielles comme le Conseil de la nation et l’APN ont réagi à la publication du tweet controversé. Le FLN et les organisations dites de la «famille révolutionnaire» (ONM et ONEC), d’habitude si prompts à tirer sur l’ex-colonisateur, se sont murés dans un silence intrigant. Pour rappel, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, est attendu à Paris le 3 juin prochain, où il aura des discussions avec les responsables français sur la coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste. Ce sera l’occasion, certainement, pour les deux parties d’aplanir ce énième différend. En attendant le prochain…
R. Mahmoudi