Cadres injustement incarcérés : Louisa Hanoune tacle Ouyahia
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) doute de la «bonne» volonté du pouvoir en place d’aller vers une réelle réhabilitation des cadres de l’Etat et des entreprises publiques qui ont fait les frais, selon elle, d’une justice aux ordres. Dans un entretien à El Bilad TV, Louisa Hanoune craint que tout ce brouhaha sur l’injustice subie par des cadres injustement incarcérés soit un instrument utilisé pour réhabiliter un seul homme, à savoir Chakib Khelil. «Je ne vois pas de volonté de réhabiliter les cadres injustement incarcérés», a-t-elle relevé en estimant qu’il y a «une tentative d’induire en erreur» l’opinion nationale. La pasionaria du PT dénonce dans ce sillage les deux poids deux mesures du pouvoir qui déploie d’importants moyens pour la réhabilitation de Chakib Khelil et qui ne fait rien pour d’autres «brisés» alors qu’ils ont brillé par leur travail et leurs compétences. Louisa Hanoune a cité le cas d’Ali Aoun mais aussi celui qui lui a succédé à la tête de Saïdal, à savoir Zaâlane, qui a été également incarcéré alors que tous les rapports démontraient qu’il était innocent. Louisa Hanoune affirme être d’accord avec la nécessité de réhabiliter les cadres victimes d’une machination de la justice. Elle invite ainsi le pouvoir en place à demander des comptes à ceux qui ont emprisonné injustement les dirigeants d'entreprises publiques. La pasionaria du PT semble ainsi faire allusion à Ahmed Ouyahia. Elle considère que la justice doit bouger pour juger ceux qui étaient responsables de ces injustices. La SG du PT est revenue sur la tension entre Alger et Paris provoquée par le tweet de Manuel Valls d’une photo de Bouteflika. La SG du PT considère que la France est dérangée par l’article 51 qui est dans la nouvelle Constitution et qui exige la nationalité algérienne exclusive pour les hautes fonctions. Elle craint que l’Algérie fasse l’objet d’une guerre géopolitique entre deux grandes puissances, la France et les Etats-Unis, à la cherche de nouveaux marchés en Afrique et particulièrement en Algérie. Louisa Hanoune a abordé, dans le même entretien, la réforme de l’Ecole et a défendu énergiquement la ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, en la qualifiant de nationaliste qui veut sauver et redresser le système éducatif. «Ceux qui l’attaquent ont des positions idéologiques. Mme Benghebrit travaille de bon cœur pour sauver l’Ecole de nos enfants qu’elle a trouvée dans un état catastrophique. Elle a les outils pour le faire. Elle était membre de la commission de la réforme du système éducatif installée en 2000 par le président de la République. Je refuse qu’elle soit accusée de travailler pour des officines étrangères», a soutenu Louisa Hanoune qui estime que ceux qui l’attaquent cherchent à imposer «une école autre qu’algérienne». «Cette dame nous honore d’être ministre de l’Education. Elle n’est pas ministre de l’Arabie saoudite, du Qatar ou de la Turquie», a-t-elle insisté en faisant allusion aux pays qui seraient derrière ceux qui attaquent Mme Benghebrit. La pasionaria du PT assure que «la ministre de l’Education n’accepterait jamais qu’on lui dicte ce qu’elle va faire car elle connaît mieux que quiconque l’Ecole algérienne et sait ce qu’elle doit faire». Autre ministre défendue bec et ongles par Louisa Hanoune : la ministre de la Solidarité et de la Famille, Mouina Meslem, nommée, selon elle, «par le président Bouteflika pour ses compétences en tant qu’avocate et son engagement politique en faveur des droits de l'Homme et des droits des femmes en particulier». La SG du PT dénonce ainsi une campagne de dénigrement dont a fait l’objet cette ministre de la République, en assurant qu’elle a été accusée à tort par des députés islamistes d’avoir insulté les femmes parlementaires. «Je la connais comme militante en faveur des droits de la femme et de la République», a-t-elle insisté, regrettant ainsi qu’elle cherche à ternir l’image de cette ministre dont elle dit qu’elle est intègre.
Sonia Baker