Chakib Khelil et Saïd Sadi candidats potentiels à la prochaine élection présidentielle
C’est toujours flanqué de journalistes et photographes triés sur le tas – et de gardes du corps (voir photo) – que l’ancien ministre de l’Energie fait sa tournée des confréries religieuses. Vendredi, il était à Médéa et il n’est pas exclu que sa prochaine destination soit la Kabylie, apprend-on de sources généralement bien informées. «Je me rends dans les zaouïas parce que cela me rappelle mon enfance», a justifié Chakib Khelil dans une interview à la chaîne de télévision d’Ali Haddad, Dzaïr News. L’ancien ministre, qui a réitéré sa disposition à «apporter son aide au pays et à faire bénéficier l’Algérie de son expérience en tant que conseiller ou n’importe quel autre poste», a rappelé les nombreuses réalisations rendues possibles grâce à sa «bonne gouvernance» lorsqu’il était à la tête du ministère de l’Energie. La station de dessalement, c’est lui ; l’ouverture de Sonatrach à l’international, c’est lui ; l’adaptation de la loi sur les hydrocarbures au nouvel environnement international, c’est lui ; l’investissement bénéfique au Pérou, c’est lui ; l’encouragement du sport, c’est lui ; l’arrêt de la gabegie et du gaspillage des ressources de la Sonatrach, c’est encore lui. A ce propos, Chakib Khelil a fait une révélation importante, en affirmant qu’il avait, dès sa prise de fonction, arrêté le versement de quelque 90 millions de dollars par an par l’Etat algérien pour l’entretien d’une raffinerie en Mauritanie. «Un financement, a-t-il dit, qui ne servait aucunement les intérêts de l’Algérie.» Le rappel des actions qu’il a menées en tant que ministre de l’Energie, voire bien avant, en tant que directeur à la Sonatrach, ressemble, pourtant, à un discours de campagne en prévision d’une prochaine échéance politique qui revêt une importance extrême, tant elle définira les contours de l’Algérie de l’après-Bouteflika. Chakib Khelil ne cesse d’appeler à l’ouverture économique, prenant sans cesse l’exemple de pays d’Amérique latine, comme l’Argentine et le Chili, tout en invitant les Algériens à éviter de prendre exemple sur le Venezuela dont l’économie périclite à cause, a-t-il expliqué, de sa dépendance totale au pétrole. Une vision que partage forcément l’autre candidat potentiel à la présidentielle de 2019. Saïd Sadi, que Nordine Aït Hamouda qualifie de «président réel du RCD», repart à la conquête du palais d’El-Mouradia plus armé que jamais. Son retrait tactique de la présidence du RCD était déjà un signe qui ne trompe pas et qui révélait ses velléités politiques à venir. En fin stratège, Saïd Sadi a voulu donner de lui l’image d’un chef de parti en phase avec ses engagements démocratiques. Son maintien à la tête du RCD devenait, donc, un handicap pour son plaidoyer en faveur de l’alternance et son réquisitoire contre l’acharnement de Bouteflika et, par-delà, du système, à se maintenir au pouvoir ad vitam ad aeternam. Saïd Sadi a choisi le moment propice pour revenir sur le devant de la scène. Cela se fait timidement pour l’instant, mais ses apparitions iront crescendo au fur et à mesure que l’échéance électorale approchera. Il sera appuyé notamment par le groupe médiatique composé de la dernière acquisition de l’homme d’affaires proche du RCD, Issad Rebrab. C’est, pensent certains, pour cela que le magnat de l’agroalimentaire a mis le paquet pour racheter ce média arabophone afin de permettre au francophone Saïd Sadi de «chasser» sur le terrain du FLN, parti nationaliste conservateur, et des islamistes face auxquels Saïd Sadi n’a jamais su convaincre l’opinion publique. Ce qui lui fit dire, au lendemain d’un de ses échecs électoraux, qu’il s’était «trompé de société».
Karim Bouali