L’énigme Schengen
Par Kamel Moulfi – Même avec un visa Schengen, le passeport algérien ne garantit pas l’entrée dans cet espace européen. C’est ce qui ressort, en définitive, du brouillamini médiatique de ces derniers jours, alimenté par des interventions en apparence contradictoires émanant de la compagnie Air Algérie et de la Délégation de l’Union européenne à Alger. Air Algérie maintient que le détenteur du visa Schengen doit voyager d'abord dans le pays qui l'a établi, tandis que la Délégation de l'UE dit le contraire – apparemment, du moins. Certains médias ont rapporté indistinctement, parfois dans la même édition, la chose et son contraire. Qui croire ? La contradiction est de taille et a de quoi décourager l’Algérien qui envisage de se rendre dans un pays de l’espace Schengen. Qui est à l'origine de ce quiproquo ? Pourquoi le PDG d'Air Algérie a-t-il lancé ce pavé dans la mare en parlant carrément de pénalité de 5 000 euros par voyageur qui serait accepté à bord sans respecter les règles de l'UE ? Il faut rappeler qu’il y a eu des précédents. En mai 2012, deux cadres algériens ont été maltraités et expulsés de l’aéroport allemand de Francfort pour avoir établi leur visa au consulat de France et non pas auprès du consulat d’Allemagne à Alger. Ils comptaient regagner Alger à la fin de l’événement en passant par Paris. Leur affaire médiatisée avec grand bruit a pris, à l’époque, l’allure d’un scandale (voir : www.algeriepatriotique.com/…/algeriens-refoules-d-allemagne-le-ministr..). Un an avant, en mars 2011, c’était un groupe de touristes algériens voyageant avec un tour opérateur, qui était refoulé du même aéroport de Francfort par lequel il transitait pour aller en Slovénie. Les Algériens expulsés avaient des visas délivrés par les autorités consulaires de Slovénie et non pas d’Allemagne à Alger. A Francfort, l’explication donnée dans les deux cas a été : «détournement du motif pour lequel le visa a été délivré». Le code des visas européens et le code des frontières Schengen n’offrent pas, de toute évidence, aux voyageurs algériens «en règle» l’assurance d’entrer sur le territoire de leur destination. Faut-il s’en étonner ? La liberté de circulation des personnes ne fait pas partie des droits de l’Homme aux postes-frontières des pays Schengen.
K. M.
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