Benflis : «Valls ne m’a pas fait découvrir la vacance du pouvoir»
Le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, a vivement critiqué le régime en place qui s’enlise dans la médiocrité et poursuit sa fuite en avant dans un contexte interne et régional tendu. Lors d’une conférence de presse qu’il a animée aujourd’hui à Alger, l’ex-candidat à la présidentielle du 17 avril dernier a parlé d’un régime politique à bout de souffle qui cumule les dérapages. «L’Algérie est confrontée à une impasse politique totale. En plus de l’impasse politique, notre pays est confronté à une autre impasse économique et sociale», a-t-il mis en garde, considérant que «ce système politique ne mesure visiblement pas à sa juste valeur les dangers qui guettent le pays et le risque de la désintégration de l’Etat». Commentant le tweet du Premier ministre français, Manuel Valls, Ali Benflis a affirmé que Valls ne lui avait pas fait découvrir la vacance du pouvoir. Une vacance dont il parle depuis la réélection du président Bouteflika sur une chaise roulante et son effacement total de la scène publique. «L’Algérie est un grand pays qui a une grande histoire. Une photo ne peut pas lui enlever cette grandeur», a-t-il enchaîné, considérant ainsi que la situation politique au sommet de l’Etat est anormalement nuisible à l’Algérie. Ali Benflis a dénoncé «la surenchère politique du pouvoir qui ne trompe plus personne». Il estime que la fin d’un système totalitaire n’est pas forcément synonyme de l’anarchie et du chaos. «Le régime en place peut être, lui-même, à l’origine de cette anarchie en poursuivant la même politique, en refusant de regarder en face la réalité et d’admettre qu’il est le vrai problème de l’Algérie», a-t-il souligné. Le président de Talaie El-Houriyet assure que la préservation de la sécurité nationale n’est pas antinomique avec la démocratie. Ali Benflis revient sur l’augmentation de la grande criminalité financière qui n’a plus de limite. Selon lui, ce fléau est encouragé par l’absence de tout ce qu’il faut pour y faire face, en termes de contrôle et de justice. Cet ancien chef du gouvernement considère cela comme un signe d’un régime qui se préoccupe beaucoup plus par son maintien que par la pérennité de l’Etat. Pour Ali Benflis, tout système politique tyrannique a une fin. Et le dernier mot revient toujours au peuple souverain à travers un processus électoral «immunisé contre la fraude». Ali Benflis a toujours revendiqué le retour à la légitimité des urnes et il tient toujours à cette revendication. Pour lui, c’est la seule manière d’aller vers un Etat de droit, qui fonctionne dans la transparence et loin de toute forme de clientélisme et de corruption.
Sonia Baker