Le plan Khelil fait pschitt
Par Kamel Moulfi – Une fois l’effet de surprise passé, la riposte des citoyens aux gesticulations électoralistes de Chakib Khelil et de ses mentors a été foudroyante. Après une première partie réussie du feuilleton religieux dont il est l'acteur principal, ses visites dans les zaouïas inféodées au régime et leur médiatisation maladroite par une poignée de journaux et de chaînes de télévision proches du pouvoir ont tout l'air de faire pschitt. Ce n'est pas qu'en Kabylie que l’ex-ministre de l’Energie n'est pas le bienvenu, à Constantine aussi (hier) et ailleurs sûrement. Les instances religieuses sortent de leur réserve comme le président des Oulémas qui condamne cette supercherie et qualifie ces visites de «suspectes». Le ministre des Affaires religieuses se défend comme il peut en diluant sa réponse, faute d'argument valable : «Les zaouïas sont ouvertes pour tout le monde.» Sous des dehors de neutralité, les zaouïas ont toujours eu une influence sur la vie politique en Algérie, mais jamais de façon publique, plutôt dans une discrétion absolue, pour des raisons liées peut-être à leur rôle controversé dans le mouvement national durant la période coloniale. Or, certaines d’entre elles ont rompu ce modus vivendi entretenu avec la société en décidant de soutenir ouvertement Chakib Khelil pour sa promotion politique et médiatique dans le cadre d’un plan plus global de réhabilitation auprès de l’opinion publique. Peine perdue, car, apparemment, ce plan est en train de voler en éclats. Certes, les citoyens, à travers les interventions de personnalités politiques et de représentants d’associations prennent garde à ne pas porter d’accusation, mais ils disent, comme s’ils tenaient à «jouer le jeu» : «Chakib Khelil a un problème avec la justice, il doit le régler.» Les citoyens estiment qu’avant de se voir reconnaître le droit d’aller où bon lui semble pour son opération de réhabilitation, il doit passer en premier par la case justice qui doit trancher, dans la mesure où il y a, et là personne ne peut le nier, une affaire Chakib Khelil, au moins au plan médiatique. La démarche auprès de la justice ne peut être remplacée par aucune «absolution» politique qu’elle émane du secrétaire général du FLN ou du directeur de cabinet de la Présidence, et encore moins des dirigeants des partis satellites et des organisations syndicales et patronales liées au pouvoir, ni des zaouïas complaisantes.
K. M.
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