Chakib Khelil : «Je n’ai que cent millions en Algérie et 90 000 dollars aux Etats-Unis»
Après sa tournée «spirituelle» à travers plusieurs confréries religieuses, qui l’a conduit, cette semaine, jusqu’à Reggane, aux fins fonds du Sahara, l’ex-ministre de l’Energie se montre de plus en plus offensif, passant d’une position de victime à celle d’accusateur. Dans une interview accordée à la télévision pro-gouvernementale Ennahar TV, qui sera diffusée lundi prochain, et dont des extraits ont été publiés par le journal éponyme, Chakib Khelil s’est de nouveau défendu de toute implication dans l’affaire Sonatrach et dans celle de la filiale italienne Saipem/Eni, en estimant à 500 le nombre de personnes qui pensent réellement aux accusations qui sont «colportées» contre lui. Pour lui, les 27 000 fans qui suivent sa page Facebook attestent d’une adhésion populaire indéniable. Evoquant ses relations avec le DRS, Chakib Khelil affirme que celles-ci étaient «normales», tout en soulignant que les services de renseignement étaient au courant de tout ce qui se passait, notamment des «agissements» de Farid Bedjaoui dès le début, mais, selon lui, ils «n’ont rien dit». Il explique, à ce propos, que plusieurs cadres de la Sonatrach ont été interrogés dans une caserne à Ben Aknoun, pendant qu’il était ministre de l’Energie. Dans le même contexte, il affirme avoir rencontré, «dans un cadre tout à fait légal» Farid Bedjaoui à Paris, en compagnie d’un responsable de Saipem qui s’est présenté comme conseiller, précise Khelil. Toujours à propos de l’ex-DRS, l’ex-ministre accuse des officiers de ce département, sans les nommer, de lui avoir demandé sa médiation dans des marchés de mines, et qu’il aurait refusé. Il révèle avoir rencontré, trois ou quatre fois, le général Toufik, dont une pour discuter du projet de la loi sur les hydrocarbures, pour lequel ce dernier aurait donné son accord, en émettant des réserves notamment sur la construction du siège du ministère de l’Energie à Ben-Aknoun. Sur un ton mi-ironique, mi-revanchard, il évoquera l’ex-chef des renseignements en ces termes : «On m’a prévenu que si j’avais joué au football avec lui (Toufik, ndlr), je me serais épargné tout ce qui m’est arrivé !» S’apitoyant sur son sort, Chakib Khelil dit ne posséder qu’un petit appartement aux Etats-Unis, et ne disposer que de deux comptes bancaires, l’un en Algérie, contenant un million de dinars, et un autre à l'étranger, estimé à 90 000 dollars. Enfin, il n’hésite pas à décocher des flèches en direction d’Ahmed Ouyahia et d’Amar Saïdani, qui ont pourtant assuré sa défense depuis et, même pour le second, avant son retour au pays. Il les qualifie de «populistes», et annonce qu’il va leur demander de lui présenter «toutes les preuves sur les personnes qui sont derrière la campagne qui [l]’incrimine».
R. Mahmoudi