Etrange campagne du FLN contre «la trahison envers la patrie» : à qui Saïdani s’adresse-t-il ?
Le site officiel du Front de libération nationale (FLN) diffuse depuis deux jours un bien curieux slogan en forme de logo et écrit en arabe : «Crains Dieu pour ton pays ! Ne le trahis pas ! N’attire pas sur lui des ennemis ! Ne le plonge pas dans le désordre ou dans la discorde !» Si le slogan illustre un article rapportant le vœu d’Amar Saïdani de s’ouvrir à une opposition «constructive et positive», l’appel a les allures d’une campagne de sensibilisation qui ne dit pas son nom et qui s’adresse directement aux citoyens. A travers une telle campagne, l’ex-parti unique veut encore une fois se distinguer par son zèle patriotique, un domaine dans lequel il est ardemment concurrencé par un RND revigoré après son congrès extraordinaire et dont le chef s’est non seulement fait plébisciter par ses troupes, mais s’est surtout vu saluer par le président de la République. A une année des élections législatives, le FLN se redéploie en mobilisant la base des militants au niveau de toutes les structures, et en tablant notamment sur des adhésions massives en vue de conserver la majorité à l’Assemblée. Après avoir tenté vainement de faire remanier le gouvernement au profit de son parti, conformément aux nouvelles dispositions de la Constitution qui stipule que le Premier ministre devrait désormais être choisi parmi la majorité, Saïdani rêve toujours de conduire l’Exécutif ou d’y placer un de ses hommes de main, alors que lui-même n’assure pas sa survie à la tête du parti. Vu sous un autre angle, cet appel du FLN se veut comme le coup d’envoi du projet d’édification du «mur national» auquel son patron avait appelé il y a quelques mois, en écho aux exhortations récurrentes du chef d’état-major, Ahmed Gaïd-Salah, pour le renforcement du «front interne» et ses appels à la vigilance contre les périls qui guettent le pays à cause des nombreux foyers de tension qui entourent l’Algérie de toutes parts. En d’autres termes, le FLN cherche à s’ériger en bras politique de l’ANP. C’est bien le sens à donner à sa disposition à lutter, même virtuellement, contre «les semeurs de troubles» et les «traîtres» susceptibles de faciliter la propagation du chaos dans notre pays, un appel qui désigne aussi indirectement les autonomistes du MAK et leurs relais politiques et médiatiques, nationaux et étrangers.
R. Mahmoudi