Algeriepatriotique mène sa propre enquête et accède aux comptes bancaires des Khelil aux Etats-Unis

Algeriepatriotique a réussi à accéder aux comptes bancaires de l’ancien ministre de l’Energie et de son épouse d’origine palestinienne, aux Etats-Unis. La première constatation est que les montants des sommes manipulées sont loin de celles qu’avance Chakib Khelil dans ses déclarations prolifiques à certains médias depuis son retour au pays. Le second postulat a trait au rôle central joué par un certain Omar Habour – cité par ailleurs dans les «Panama Papers», voir plus loin – dans la gestion de la fortune des Khelil. Ce dernier détient, en effet, une procuration qui l’autorise à effectuer tout mouvement sur le compte de Mme Najat Khelil née Arafat, épouse de l’ancien membre influent du gouvernement. Selon des documents en notre possession, Omar Habour, un Franco-Algérien de 77 ans, natif d’Oujda et proche de Chakib Khelil, a alimenté le compte bancaire que Mme Najat Khelil détient auprès de la Sun Trust Bank, dont le siège est situé à Atlanta, dans l’Etat de la Géorgie, sous le numéro 1000083535459, à hauteur de 1 421 000 dollars entre 2008 et 2009. Un autre compte, portant le numéro 1000063572985, détenu dans la même banque et géré également par Omar Habour en sa qualité de «fondé de pouvoir», a été crédité de la somme de 1 900 000 dollars, à partir de ses nombreuses sociétés-écrans, créées pour dissimuler ces transactions financières. Chakib Khelil, quant à lui, détient un compte commun avec son épouse qui a été provisionné à hauteur de 1 400 000 dollars entre 2004 et 2011. Mais l’ancien ministre de l’Energie «blanchi» par le pouvoir politique dans l’affaire Sonatrach n’en possède pas qu’un. Il est détenteur du compte numéro 446020576724 auprès de Bank of America, la plus grande banque américaine en termes de dépôt et de capitalisation boursière, d’un deuxième à la Bank Fund Staff Federal Credit, sous le numéro 4385600000973754, et d’un troisième à Chevy Chase Bank, dont le siège est au Maryland, numéroté 348301901. D’autres sommes autrement plus importantes et émanant d’autres sources ont été virées dans d’autres comptes. Nous y reviendrons le moment venu.
Argent sale et mensonges
Les derniers documents révélés dans le cadre de l’affaire planétaire «Panama Papers» attestent de la création de deux sociétés offshore par Najat Arafat. Il s’agit de Carnelian Group Inc. en mai 2005 et Parkford Consulting Inc. en octobre de la même année. L’ouverture de ces sociétés a été effectuée alors que Najat Arafat était sans activité et Chakib Khelil occupait le poste de ministre de l’Energie et des Mines. Selon les documents rendus publics par Le Desk, qui fait partie du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ces sociétés offshore ont été créées dans le but de gérer des comptes dissimulés en Suisse. Etrangement, on y retrouve les principales personnes citées dans les affaires Sonatrach dans «Panama Papers», à savoir Farid Bedjaoui et Omar Habour. Deux ans après la création des sociétés de Najat Arafat Khelil, soit en novembre 2007, cette dernière a procédé au transfert de la propriété à Omar Habour, suite, peut-être, au lancement par le DRS de l’enquête sur l’affaire de corruption à Sonatrach. L’argument avancé par Najat Arafat pour transférer la propriété de ces deux sociétés à Omar Habour, à savoir une «erreur», ne tient pas la route. «Nous vous faisons parvenir ci-joint un power attorney (procuration) en original que nous vous prions d’annuler. Selon le bénéficiaire économique, il s’agissait d’une erreur. Nous vous prions d’établir une procuration au nom de l’ayant-droit économique, M. Omar Habour», a écrit Multi Group Finance, officine chargée de faire remplacer auprès de Mossack Fonseca en novembre 2007 le nom de Najat Arafat par celui d’Omar Habour comme ayant-droit des deux sociétés offshore Carnelian et Parkford, précise Le Desk qui met en avant des «connexions» avec l’affaire Sonatrach qui a éclaté en 2009 avec l’arrestation de plusieurs cadres dirigeants, jugés en février 2016. Les documents publiés par Le Desk affirment que «c’est Multi Group Finance, une société fiduciaire établie à Lausanne et à Montreux, en Suisse, qui a tissé le réseau de comptes et de compagnies offshore dissimulant les fonds de Najat Arafat, Omar Habour et Farid Bedjaoui. Ces deux derniers sont cités dans l’affaire Saipem, en cours en Italie, relative au versement de 200 millions d’euros de pots-de-vin par cette filiale du groupe Eni pour l’obtention de contrats auprès de Sonatrach d’une valeur de huit milliards d’euros. Les mêmes documents soulignent que «Multi Group Finance a sous-traité la domiciliation des compagnies offshore à Mossack Fonseca qui a créé ces sociétés et a fourni les prête-noms pour les administrer. Toutes ces sociétés ont été constituées avec un capital social réparti sur des actions au porteur (donc anonymes) pour gérer des comptes bancaires domiciliés en Suisse», précise Le Desk. Et c’est, comme par hasard, en Suisse que des commissions rogatoires algérienne et italienne ont été ouvertes pour «pister» l’argent du bakchich. Des emails publiés par Farid Bedjaoui prouvent qu’il était «au cœur de l’édifice». En effet, dans un courrier électronique envoyé au correspondant de la filiale suisse de Mossack Fonseca, en date du 14 février 2008 publié par Le Desk, il est clairement précisé que Carnelian Group Inc. et Parkford Consulting Inc. ont été créées pour gérer des portefeuilles placés dans des banques suisses.
Omar Habour : la pieuvre
Dans ces documents, les noms de Najat Arafat et d’Omar Habour reviennent à chaque fois. Il est révélé les liens étroits entre l’épouse de Chakib Khelil et Omar Habour dans la gestion de ces sociétés offshore et des comptes bancaires. Mais l’activité d’Omar Habour ne se limite pas à cela. Toujours selon les révélations du Desk, Omar Habour «a constitué par le biais de Multi Finance Group une autre société offshore au Panama, Consolidated Engineering Consultants Corp., où il s’est associé avec Farid Bedjaoui. Il a aussi créé quatre sociétés aux Iles Vierges britanniques, Girnwood International Engineering Ltd. et Minkle Consultants S.A. – qu’il a cédées ultérieurement au même Farid Bedjaoui –, Teampart Capital Holdings Limited et Abode Finance Services Corporation». Autant de preuves de liens entre ces deux hommes recherchés par la justice italienne. Un autre nom apparaît dans les «Panama Papers», celui de Pietro Varone, ancien directeur des opérations de Saipem également cité dans l’affaire Sonatrach. D’ailleurs, Ludovic Guignet requérait à Mossack Fonseca de remplacer le nom de Pietro Varone par celui de Farid Bedjaoui comme ayant-droit d’une autre société : Farnworth Consultants Inc., le 27 novembre 2007. Autrement dit, à la même date que celle de la requête de Najat Arafat faite au profit d’Omar Habour qui apparaît dans dix compagnies. Les documents de «Panama Papers» démontrent également que la même société, Multi Group Finance, a saisi le même jour, à savoir le 20 mai 2005, Mossack Fonseca pour constituer la société Carnelian Group Inc. au profit de Najat Arafat et Justin Invest Developments S.A. au bénéfice de Farid Bedjaoui. Ce sont là autant de faits qui mériteraient d’être examinés et approfondis par la justice algérienne dans le cadre de son enquête non clôturée sur l’affaire Sonatrach II pour laquelle un mandat d’arrêt a été lancé contre Chakib Khelil, son épouse et ses enfants en août 2013. Si le mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil a été retiré sur ordre des plus hautes autorités politiques du pays, son épouse et ses enfants ont-ils obtenu le même privilège pour être sauvés des griffes de la justice ? Rien n’est moins sûr, d’autant que le retrait de la plainte concernant Chakib Khelil a été justifié par un «vice de forme» et non de fond. L’ancien ministre de l’Energie, son épouse et ses enfants sont donc toujours passibles de poursuites jusqu’à preuve du contraire.
Karim Bouali et Sonia Baker

Commentaires

    Citoyen
    15 juillet 2016 - 21 h 20 min

    Scandaleux

    Scandaleux
    Mais que fait la justice pour ces VIP de la corruption
    Vivement la II sème République.
    Liberté Justice égalité fraternité pour tous les Algériens et Algériennes

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