Système antimissile américain en Roumanie : Moscou dénonce «une menace directe» pour sa sécurité
La Russie a vivement critiqué jeudi la mise en service du système de défense antimissile américain en Roumanie, dénonçant une «menace directe» pour sa sécurité et promettant en retour de renforcer ses capacités militaires. «C'est une menace directe pour nous. (…) Tout ça est à 100, 200, 300, 1.000% dirigé contre nous. Ce n'est pas l'Iran mais la Russie et ses capacités de dissuasion nucléaire» qui sont visées, a fustigé le président de la commission de Défense du Parlement russe, Vladimir Komoïedov, cité par l'agence Interfax.
«C'est un pas de plus dans l'endiguement militaire et politique de la Russie», a abondé Andreï Keline, haut-responsable du ministère russe des Affaires étrangères, ajoutant que ce déploiement «ne peut qu'aggraver la situation déjà compliquée des relations» entre la Russie et l'Otan. Formé de missiles intercepteurs de type SM-2, ce système défensif est situé à Deveselu, dans le sud de la Roumanie, et destiné à être intégré dans le projet plus large de bouclier antimissile de l'Otan lors du sommet de Varsovie, en juillet. Washington assure que ce projet, lancé en 2010, n'est pas dirigé contre la Russie et le présente comme une protection contre l'Iran ou la Corée du Nord. Il s'agit d'un grand sujet de discorde entre l'Otan et la Russie depuis plusieurs années. «Nous sommes capables de surpasser ce système antimissile. Nous allons renforcer nos capacités défensives, notamment dans la région de l'Arctique en y déployant nos systèmes de détection et d'interception», a affirmé M. Komoïedov. L'Otan a pour sa part salué mercredi une «avancée importante» pour l'Alliance. Lancé en 2010, le bouclier doit être complètement opérationnel en 2025 après le déploiement progressif d'intercepteurs de missiles et de puissants radars dans l'est de l'Europe et en Turquie. Le site de Deveselu, qui a coûté environ 800 millions de dollars et dont les travaux ont commencé en octobre 2013, fait partie de la deuxième phase de ce projet, après le déploiement d'un radar en Turquie et de quatre navires Aegis dotés de capacités de défense antimissile à Rota, en Espagne. La troisième phase vise la mise en place d'un système de défense antimissile en Pologne. Les travaux sur le site de Redzikowo, qui débutent vendredi, devraient être achevés fin 2018.