Une susceptibilité anormale
Par R. Mahmoudi – La réaction à chaud de Ramtane Lamamra à une déclaration faite par l’ambassadeur de France à Tizi Ouzou au sujet des visas accordés aux Algériens montre, au-delà de la probable véracité et de la présumable arrière-pensée dans les propos qui sont attribués à celui-ci, à quel point le gouvernement a la susceptibilité à fleur de peau pour tout ce qui vient des responsables français, et trahit, dans le même temps, une sorte de panique au sommet de l’Etat. C’est devenu désormais caractéristique de toute l’action politique et diplomatique de notre gouvernement, transformée depuis quelque temps en un système de défense qui sort la grosse artillerie à la moindre alerte. Il s’agit déjà du troisième incident, en un mois, après l’histoire de la photo de Bouteflika publiée en première page par le journal parisien Le Monde, suivi de l’épisode du tweet de Manuel Valls, dont on n’a pas encore fini de digérer toutes les retombées. A ce rythme, les relations entre l’Algérie et la France ne sont pas à l’abri d’une véritable crise, si jamais demain un autre dirigeant français se hasardait à pousser l’outrecuidance un peu plus loin. D’où la question de savoir si le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, dont les compétences sont reconnues et qui demeure l’un des rares membres du gouvernement à jouir d’une certaine crédibilité, est obligé d’adapter son action aussi machinalement à l’idéologie populiste dont le pouvoir use actuellement sans discernement et sans vergogne dans sa lutte pour sa survie. Car, en même temps, ces réactions convulsives à la chaîne dénotent une grande panne de discours mobilisateur du pouvoir en cette période cruciale. On voit comment sont accueillis les slogans à résonance nationaliste, exhumés récemment par le FLN et ses alliés, pour capter l’opinion. On voit, a contrario, avec quelle facilité les Algériens sont parfois aveuglément attirés par tout ce qui est officiellement maudit.
R. M.
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