Affaire politico-commerciale Rebrab-El-Khabar : le journal «public» El-Moudjahid dérape
Dans son édition d’aujourd’hui dimanche, le quotidien El-Moudjahida consacré son édito à l’affaire El-Khabaret surtout aux réactions qu’elle a suscitées de la part notamment de deux personnalités politiques, à savoir Saïd Sadi et Louisa Hanoune. Ce quotidien, qui appartient à l’Etat, a le droit, bien entendu, d’éclairer la lanterne de ses «lecteurs» en commentant tout sujet qui fait l’actualité nationale. Mais cet édito se distingue par sa partialité avérée, qui nous éloigne de la notion «public» que doit assumer un média comme El-Moudjahidqui est financé, faut-il le rappeler, par l’argent du contribuable, donc des Algériens. En effet, l’éditorialiste d’El-Moudjahidn’a pas fait preuve de retenue en prenant ouvertement la défense d’une partie contre une autre dans ce conflit opposant le ministère de la Communication au groupe Cevital-El-Khabar,faisant fi de la notion du service public qu’il est censé assurer. Par sa prise de position, ce quotidien sort ainsi du «rayon» de la presse publique pour rejoindre celui des organes gouvernementaux. Or, un média public, comme partout dans le monde, n’est au service ni d’un gouvernement, ni d’un ministre, ni d’un président. Il est au service des citoyens. L’éditorialiste force même le trait en jugeant l’affaire avant la justice et en se mettant à la place du plaignant. Sans la distance requise dans de telles affaires sensibles, cet organe de presse foule au pied l’éthique et la déontologie, en multipliant les qualificatifs inappropriés, voire même inélégants, comme «pyromane», «baron», «régionalisme débridé»… Tout en prenant la défense du ministère de la Communication, l’éditorialiste reproche à ces deux personnalités politiques leur prise de position en faveur de «l’autre» partie, à savoir Rebrab-El-Khabar.Il qualifie même cela de «dérive inacceptable». «Le message subliminal et pernicieux que délivrent les deux personnages auxquels on fait allusion ici appartient sans doute à ce qu’on peut appeler les "racines de l’occulte" et qui sont aussi les racines de la violence relevant d’un passé qui n’intéresse plus personne, parce que les citoyennes et les citoyens ont les yeux rivés sur l’avenir, et ce qui les préoccupe aujourd’hui, c’est que leur pays demeure debout et avance résolument et de manière pacifique sur le chemin de la démocratie», conclut-il. Un tel édito constitue, en effet, un grave dérapage d’un média appartenant à l’Etat et non pas au gouvernement.
Sonia Baker