Congrès mondial du soufisme : appel à combattre la fitna
Les participants au premier Congrès mondial du soufisme, qui s’est achevé aujourd’hui à Mostaganem, ont appelé à la mobilisation générale pour éliminer les germes de la division et contrer toutes les formes de la fitna. Dans leur déclaration finale, les participants ont proposé la création d’une commission de spécialistes des différentes doctrines religieuses pour élaborer un projet d’unification «de la nation musulmane» et faire barrage aux semeurs de la fitna à travers leur discours haineux. Pour les partisans du soufisme, il est impératif d’aller vers un travail d’unification des doctrines religieuses pour contrer toutes les formes de fitna, faire face aux complots et propager l’esprit de l’unité, de tolérance et de coexistence devenue de plus en plus difficile. Relevant avec regrets l’affrontement entre différents rites musulmans, les participants au Congrès, qui a duré trois jours, ont également recommandé la création d’une académie de l’éducation soufie qui sera basée à Alger pour véhiculer l’islam ancestral et protéger les musulmans des vents de la manipulation émanant de milieux radicaux qui visent la fragilisation et la déstabilisation des sociétés musulmanes pour mieux atteindre leurs objectifs inavoués. A cette académie, ils annoncent le lancement et la gestion d’un site Internet pour diffuser les véritables valeurs de l’Islam et celles d’une éducation spirituelle saine. Une opération éminemment importante dans ce contexte de grands bouleversements que traversent de nombreux pays musulmans et de la multiplication de groupes radicaux armés qui tentent de faire tomber des Etats. Le Congrès mondial du soufisme s’est penché sur la problématique de la référence mohamadienne dans le traitement des questions et des défis actuels. Pas moins de 120 spécialistes de l’islam, venus de plusieurs pays, ont débattu de la question. Véritable locomotive de l’islam ancestral, le soufisme constitue une arme contre le radicalisme religieux. Selon Eric Geoffroy, islamologue à l’Université de Strasbourg et lui-même soufi, le soufisme est extrêmement diversifié. Il ne se réduit pas à une addition de confréries, c’est un monde complexe. Dans un entretien à Libération, il a assuré qu’il y a actuellement plus de sites soufis que salafistes dans le monde. Il estime ainsi que dans le contexte actuel marqué par la montée du salafisme qui séduit de plus en plus, le soufisme peut constituer une bonne alternative. «Notre époque est marquée par un besoin de spiritualité. L’islam traditionnel, normatif, n’y répond pas assez. Le salafisme peut alors séduire des esprits simples. Il faut réaliser à quel point la propagande wahhabite a opéré un lavage de cerveau chez les musulmans. Plus de 45 000 imams wahhabites ont été formés dans ce but en Arabie Saoudite ! Le soufisme est une vraie alternative. Il véhicule des valeurs de paix, d’altérité, d’universalité. Mais les soufis ne sont pas dans une bulle éthérée ou noyés dans l’eau de rose, contrairement aux clichés», a-t-il soutenu, affirmant que tout oppose les soufis et les islamistes terroristes.
Sonia Baker