Reprise des exportations de pétrole : une bouffée d’oxygène pour la Libye
L’économie libyenne peut enfin respirer après l’accord conclu entre l’ensemble des Etats régionaux autoproclamé pour la reprise des exportations du brut sur les marchés internationaux, avec le départ d’une première cargaison, qui a quitté dernièrement le port de Hariga à destination du Royaume-Uni, rapporte la chaîne d’informations Bloomberg, ce qui permettrait une augmentation de la production du brut dans un pays en totale déroute. Selon le porte-parole de la compagnie pétrolière nationale libyenne National Oil Corporation, Omran Al-Zwai, le pétrolier Seachancea bel et bien quitté Hariga transportant 650 000 barils destinés au marché britannique. Il s’agit de la première cargaison autorisée à quitter Hariga vers les marchés internationaux, depuis l’interdiction, le mois d’avril écoulé, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de la tentative d’exporter illégalement une cargaison de pétrole libyen par l’autorité non reconnue au niveau international ayant pris bon gré mal gré le contrôle de la zone est du pays. Cela dit, la résolution 2278 du Conseil de sécurité de l’ONU du 31 mars 2016 a condamné vigoureusement les exportations du pétrole libyen, une mesure visant la totalité des pouvoirs parallèles, dont l’existence est hors contrôle de l’autorité sous l’égide du gouvernement de l’entente nationale. A en croire la chaîne Bloomberg, les parties libyennes en conflit ont pour l’heure réussi à conclure un accord cette semaine, pour la reprise des exportations du brut à partir de Hariga. Apparemment, les efforts des membres de la communauté internationale chargée d’aider les Libyens à se réunir pour faire sortir leur pays du chaos ont permis une infime avancée sur le différend opposant l’ensemble des factions sur le terrain, au sujet de la gestion des ressources pétrolières. L’accord a, semble-t-il, été conclu en marge de la deuxième conférence de Vienne sur la Libye. Cela permettrait à Arabian Gulf Oil Company (Agoco), la principale compagnie pétrolière libyenne, dont le siège est à Benghazi, d’augmenter la production du brut à 120 000 barils/jour. Une activité vitale pour un pays au bout du rouleau, fortement exposé au danger des groupes armés, dont l’Etat Islamique, qui tentent de prendre le contrôle des installations pétrolières du pays. Selon Bloomberg, la Libye a en effet produit plus de 310 000 barils par jour le mois d’avril écoulé, un pays qui compte les plus importantes réserves pétrolières sur le plan africain et occupe la neuvième place au niveau mondial. Ce richissime pays de l’Afrique du Nord vit depuis la chute du régime de l’ancien leader Mouammar Kadhafi dans une grave crise politique. Une crise pratiquement ingérable et qui pourrait éventuellement faire plonger toute la région dans l’incertitude, en raison de la menace des groupes djihadistes qui contrôlent des régions entières du pays, avec une ambition démesurée, à savoir l’instauration d’un califat dans toute la région du Sahel. L’or noir constitue a fortiori le nerf de la guerre pour ces groupes armés, une manne financière inestimable pour la concrétisation de leur projet supranational.
Boudjemaa Selimia
Londres
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