Ruse de guerre
Par R. Mahmoudi – La «séparation» entre ses activités politiques et religieuses, avec l'objectif affiché de «sortir» de l’islam politique, est la dernière ruse de guerre trouvée par le vieux renard de Rached Ghannouchi. Par cette manœuvre machiavélique, l’islamiste tunisien veut éviter au mouvement qu’il a fondé dans les années 1980 de subir le même sort que la confrérie mère en Egypte, celle des Frères musulmans. Si une telle annonce était réellement motivée par une volonté ou un besoin de faire sa mue, comme il tente de le faire croire, ce mouvement aurait tout simplement accepté de se dissoudre. Ses partisans, imprégnés de l’idéologie salafiste, ont même créé des «comités révolutionnaires» et se sont alliés avec les extrémistes qui s’attaquaient impunément aux salles de spectacle et d’exposition dès les premiers mois de l’arrivée d’Ennahda au pouvoir. Le plus cocasse dans l’histoire, c’est que tous les partis islamistes étrangers invités au congrès de ce parti – il n’y en avait pas d’autres, preuve que cette ouverture affichée n’est qu’une ruse –, dont le MSP algérien, se sont dits satisfaits de cette orientation stratégique «salutaire» prise par leurs «frères tunisiens» et semblent même tentés d’essayer le même stratagème dans leurs pays respectifs. Abderrezak Mokri, qui a fait de son parti depuis son avènement à sa tête un appendice de l’AKP turc d’Erdogan, revendique l’idée «payante» de se démarquer du terrorisme dit djihadiste, en rappelant le tribut payé par l’encadrement de l’ex-Hamas face à la déferlante du FIS et des GIA dans les années 1990, mais il s’oppose à l’idée, «suicidaire», d’abandonner l’islamisme aux plus radicaux. Il faudrait, pour réussir le coup, c’est-à-dire rester islamiste sans vraiment donner l’air de l’être, se doter d’un mouvement politique moderne et d’une organisation religieuse portée par un tissu d’associations, qui puisse travailler la société en profondeur et sans s’attirer les foudres des adversaires. Une sorte de société secrète rappelant la confrérie des Frères musulmans à sa naissance dans les années 1920 en Egypte. Mokri parle de l’expérience «pionnière» du MSP avec son association El-Irchad Oua El-Islah (orientation et réforme), comme d’un modèle à suivre. Il a peut-être oublié que le FIS était aussi sorti d’un mouvement de la daâwa (appel à l’islam).
R. M.
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