Un journaliste, normalement, c’est noble !
«On a pris pour braves des lâches qui craignaient de fuir» (citation de Thomas Fuller Gnomologia, 1732).
«On a pris pour braves des lâches qui craignaient de fuir» (citation de Thomas Fuller Gnomologia, 1732).
Faire son métier de journaliste pour lequel on a été formé c’est bien et c’est noble. Mais vouloir faire le justicier relève de la schizophrénie. C’est, en quelque sorte, la conclusion des discussions qui ont cours, ces derniers temps, au sujet de la guerre (c’est bien le mot) que mènent deux ministres, un homme d’affaires et le «chef» d’un groupe de presse arabophone contre un homme d’affaires algérien, digne héritier de Lalla Fatma N’soumer, qui refuse de s’alimenter dans la mangeoire de la basse-cour. Sa réussite pourrait, peut-être, être son deuxième tort.
«Quelle lâcheté de se sentir découragé du bonheur des autres et d'être accablé de leur fortune» (Montesquieu).
En Algérie, ces dernières années nous ont permis de nous rendre compte que lorsqu’une personnalité est ouvertement attaquée, les assaillants ne sont, en fin de compte, que des hommes de main, des exécuteurs que, par manque de courage politique, des cabaleurs ont actionnés. Il en est ainsi et pas autrement des attaques menées par le futur ex-secrétaire général du FLN contre l’ex-chef du DRS et contre l’organe de cette structure, en charge de la lutte contre la corruption. Il en est de même pour la cabale en cours contre le patron de Cevital. D’ailleurs, un caricaturiste algérien l’a bien illustré, le 30 mars 2016, dans un quotidien national, lors des attaques répétées du SG du FLN contre l’actuel directeur de cabinet de la Présidence, en dessinant un homme en uniforme, tenant une derbouka en laisse, hurlant : «T’chap-le !»
Ce «chef» du groupe de presse arabophone a, dernièrement, écrit à un autre journal électronique, lui-même un outil de propagande des cabaleurs, une lettre par laquelle il affirme qu’«en tant que journaliste, je me dois de dire à Issad Rebrab et à ceux qui le soutiennent que j’ai décidé, avec l’aide et les efforts de mes jeunes confrères à la télé et au journal du Groupe, de dévoiler les scandales dont lesquels cet homme d’affaires est impliqué et que la justice et les services de sécurité ont dissimulés depuis plus de 25 ans». Rien que ça ! Et d’ajouter : «Mon groupe de presse n’a pas attendu le patron de Cevital pour dévoiler des dizaines d’affaires de corruption, de mettre à jour des atteintes aux biens de la collectivité, de dénoncer des détournements de fonds et les appropriations frauduleuses… Toute personne qui cible l’argent public sera dévoilée, en cas d’existence de preuves, quels que soient son statut ou l’étendue de son influence, et l’affaire Rebrab ne déroge pas à la règle.» Ma foi, ce n’est plus du journalisme, ça dépasse le zèle des miliciens de Mobutu avec leur fameux slogan «salutations patriotiques – la patrie ou la mort». Chiche, monsieur le justicier, démontrez votre honnêteté et votre amour pour l’Algérie en publiant un seul article sur l’implication dans le scandale dit des «Panama Paper’s» du ministre de l’Industrie et de l’épouse de l’ex-ministre de l’Energie, un seul article sur les comptes bancaires de ce dernier aux Etats-Unis et en Suisse et un seul article sur les biens du secrétaire général du FLN, en France. Comme tous les opportunistes et tous les arrivistes, notre justicier, sentant que le vent pourrait bientôt tourner, semble préparer ses arrières. En effet, dans le même courrier, il écrit : «Je n’appartiens à aucun clan ni à aucune alliance. Je n’ai que ma plume que j’agite quand je vois une injustice devenir un droit, une loi presque divine.» Mais voyons ! Qui vous a accusé de tout cela ? Si ce n’est votre conscience, quand vous vous trouvez seul la nuit. Cerise sur le gâteau, le justicier exprime sa fierté d’être «fils d’un moudjahid de la glorieuse wilaya d’El-Bayadh et précise qu’il ne peut être contre Rebrab parce qu’il est kabyle, du fait que lui-même a une mère amazighe. Il s’agit beaucoup d’autoflagellation, il s’agit, aussi, de propos indignes d’un membre qui est censé appartenir à une corporation qui a défendu l’Algérie, en général, et la liberté d’expression en particulier, au prix du sang. Monsieur le justicier, votre supposé amour pour l’Algérie ressemble, drôlement, à l’amour qu’ont les émirs des monarchies arabes du Golfe pour les peuples syrien et libyen. Monsieur le justicier, je ne quitterai pas le clavier sans vous rappeler cette citation de Jean-Paul Sartre : «Le plus lâche des assassins, c'est celui qui a des remords.»
Mohamed Belamine
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