Benflis : «C’est le régime en place qui représente la menace»
Ali Benflis, président du parti Talaie El-Houriyet, qualifie d'«urgent» le changement politique. Intervenant ce samedi à Tamanrasset, à l'extrême sud du pays, l'ancien chef de gouvernement relève les lourdes menaces qui pèsent sur le pays. Un pays qui n'est pas, selon lui, gouverné. «Le devoir de vérité que j’ai envers vous me commande de vous dire en mon âme et conscience que c’est le régime politique en place lui-même qui représente désormais la menace la plus lourde pesant sur notre pays», souligne-t-il, considérant ainsi que la crise n'est nullement importée, ni n’est le résultat d'une manœuvres d'officines ou de forces étrangères au pays. «Ce régime est lui-même l’artisan de la crise de régime et de l’impasse politique totale à laquelle il a mené le pays», a-t-il soutenu tout en ajoutant qu'il est lui-même responsable de l’échec économique retentissant qu’il a fait subir au pays en dépit d’une opulence financière dont il n’a pas su faire le meilleur usage. Pour Ali Benflis, «c’est ce même régime qui doit désormais assumer la responsabilité de l’inquiétante déstabilisation sociale dont les signes avant-coureurs sont déjà là, sous nos yeux». La situation actuelle est, affirme-t-il, le résultat de l'archaïsme politique qui bloque les institutions, qui maintient un président absent à la tête de l'Etat, qui laisse le pays dans une situation de non-gouvernance… «Le régime politique en place donne, relève Benflis, le nom de stabilité à la stagnation et appelle le changement une menace. J’en appelle à votre bon sens et à votre clairvoyance et je vous demande en quoi le fait de vouloir sortir de la stagnation et de l’impasse et de mettre fin à nos échecs politiques, économiques et sociaux représenterait-il une menace pour le pays !» a-t-il lâché devant les militants et sympathisants du parti. Ali Benflis poursuit en évoquant les accusations du régime politique dirigées contre l’opposition nationale qu'il a qualifiée d'«une autre menace pour le pays tout simplement parce qu’elle a l’audace de demander le changement démocratique». «En quoi une opposition nationale légale et responsable qui milite pour une alternative démocratique consensuelle, graduelle et apaisée représenterait-elle une menace pour le pays ?» s'interroge ainsi cet ancien candidat à la dernière élection présidentielle et auteur d'un livre blanc sur la fraude électorale. Ali Benflis dénonce ainsi que «le régime politique en place se présente comme le seul rempart contre le chaos et que, sans lui, l’Algérie – Etat, nation, peuple et société – serait condamnée à subir le déluge». «N’aurions-nous donc le choix qu’entre un régime politique qui nous mènerait d’échec en échec et d’occasion manquée en occasion manquée et le chaos et le déluge qu’il nous promet pour faire taire en nous toute volonté de changement ?» s'est-il demandé, avant d'y répondre par la négative. «Non cette terre sacrée a pu enfanter des femmes et des hommes qui sauront faire emprunter à notre pays la voie du changement, de la réforme et du progrès tout en lui épargnant les déchirements ou les ruptures indésirables», a-t-il clamé. Le président de Talaie El-Houriyet affirme : «Nous sommes désormais face à un pouvoir qui n’est plus un pouvoir ; nous sommes face à des institutions qui n’assument plus leurs prérogatives constitutionnelles ; nous sommes face à des gouvernants qui n’ont plus de gouvernants que le nom et nous sommes face à des autorités de fait dont aucune ne s’acquitte de ses tâches de manière crédible, représentative et légitime.» Pour lui, «tout cela ne fait que donner au changement le caractère le plus pressant. Le temps n’est pas en notre faveur. Les jours nous sont comptés. Et chaque jour qui passe est destiné à alourdir la facture du changement. Et ce changement, c’est pour maintenant avant qu’il ne soit trop tard», a-t-il martelé, lui qui milite pour le retour à la légitimité des urnes.
Sonia Baker