Imprévision totale
Par Kamel Moulfi – Dans quelques jours, le pays entrera dans une période de ralentissement général qui commence avec le Ramadhan, trois mois de «vacances» forcées – juin, juillet et août – qui vont soit donner un temps de répit salutaire au gouvernement ou, au contraire, constituer une suite de moments de fortes tensions sociales qui vont le mobiliser sur tous les fronts. Dopés par un tapage incessant sur des affaires politiques en dépit de leur habillage médiatique – Khelil, El-Khabar,Panama papers… –, on se demande comment réagiront les Algériens durant cette «pause». Pour l’heure, il est difficile de le savoir, tant les facteurs d’imprévision sont nombreux. Tout dépendra certainement des promesses que lancera le gouvernement pour détendre l’atmosphère. La réunion de la tripartite prévue la veille du Ramadhan pourrait être l’occasion de désamorcer les conflits latents, si les mesures impopulaires suggérées par certains experts sont remisées dans les tiroirs en attendant des circonstances plus propices. En prenant connaissance des annonces de relogements programmés pour le court terme, on peut penser que l’Exécutif a fait le choix de poursuivre sur la voie de la «paix sociale», encouragé par les rebonds du prix du pétrole avec l’espoir que le tour de vis sur les importations et l’emprunt obligataire produiront leurs effets d’atténuation de la crise financière que traverse le pays. Le comportement des Algériens durant le Ramadhan peut-il être considéré comme un test ? Ils ont pris l’habitude de voir les prix prendre leur envol pour les principaux produits consommés durant ce mois et ont appris à faire des «miracles» avec leur pouvoir d’achat même érodé. Une autre chose est sûre : les chaînes de télévision privées qui auraient envisagé de passer leurs émissions habituelles qui tournent en dérision la politique algérienne et les responsables au sein du pouvoir sont neutralisées par la menace de fermeture en cas de dépassement des «lignes rouges» qui restent à l’appréciation du pouvoir. Trois mois de vacances pour les Algériens et mobilisation extrême pour les responsables aux divers niveaux du pouvoir ? On verra.
K. M.
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