Vingt-quatre journaux n’ont pas paru samedi : sombres perspectives pour la presse
La presse écrite s’enfonce de jour en jour dans la crise financière qui la touche depuis maintenant deux ans. Vingt-quatre quotidiens nationaux, dans les deux langues, n’ont pas paru samedi, faute de publicité. Les responsables de ces publications n’ont tout simplement pas jugé utile d’envoyer leurs journaux à l’imprimerie afin de ne pas alourdir trop les charges liées à l’impression. Ces mêmes journaux ont repris aujourd’hui leur place dans les kiosques avec des espaces publicitaires fournis par l’agence étatique Anep. Cela prouve qu'ils n'ont pas paru pour absence de publicité. Mais les espaces qu'ils occupent se sont considérablement rétrécis. Depuis la chute des prix du pétrole qui a impacté négativement le développement socio-économique du pays, la publicité étatique a considérablement baissé, devenant ainsi insuffisante pour alimenter la forêt de quotidiens qui occupent le paysage médiatique depuis une quinzaine d’années. Ces titres paraissent donc quand ils peuvent, selon l’affectation publicitaire. Cela renseigne sur la fragilité de leur assise financière et sur le fait qu’ils puissent cesser de paraître à tout moment. Il est à rappeler que des quotidiens ont déjà disparu des étals au cours de ces deux dernières années. On peut citer El-Youm, qui n’existe que sur Internet et El-Ahdath qui ne sort plus. D’autres publications moins connues, notamment régionales, ont cessé de paraître. Comme nous l’avions déjà écrit, la presse écrite, en général, traverse des moments difficiles en raison de la baisse vertigineuse de la publicité étatique et la rareté de la publicité des entreprises privées. De nombreux quotidiens nationaux, vivant depuis de longues années de la publicité étatique, voient en effet les espaces publicitaires se rétrécir de jour en jour, mettant en péril leur équilibre financier. Dépendant de cette publicité, plusieurs titres, dont le tirage et les ventes restent faibles, recourent donc à la limitation des charges, allant jusqu’à faire baisser leur nombre de pages de 24 à 16. Il faut dire que la mise en application du plan d’austérité du gouvernement s’est traduite tout naturellement par la baisse de la publicité étatique. Ainsi, les commandes de publicité publique qui passent par l’Anep ont substantiellement diminué. Et les plus faibles tirages restent les plus touchés et les plus vulnérables, cela même si cette crise n’épargne aucun titre de la presse nationale. Des dizaines de quotidiens risquent de déposer le bilan si la conjoncture perdure. La situation économique étant ce qu’elle est (catastrophique), il ne faudrait pas s’attendre à une reprise de la publicité étatique. Les perspectives sont plutôt sombres pour la presse écrite nationale.
Sonia Baker