Le chantage islamiste
Par R. Mahmoudi – Les islamistes algériens – de Hassan Aribi au pseudo-imam Hamadache, en passant par une ribambelle de cyberactivistes – ne trouvent aucune contradiction à réclamer à tue-tête un changement radical du système «pourri, corrompu et illégitime» et, en même temps, à militer avec le même entrain et la même rage pour le maintien du système éducatif en l’état. C’est la preuve qu’ils veulent un changement dans le sens d’une plus grande islamisation des institutions, parce qu’ils savent que l’école algérienne, dans son aspect actuel, est déjà acquise à leur idéologie. D’où leur acharnement contre l’actuelle ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, à qui ils ne pardonneront pas d’avoir non pas initié, mais seulement esquissé une volonté de réforme. Après avoir échoué à la faire fléchir, ils sont passés à la méthode forte : la fuite des sujets du bac. Non contents d’avoir «profané» l’examen, ils exigent aujourd’hui sa démission pure et simple. Quand Abderrezak Mokri dit que ceux qui ont tenté de saboter le baccalauréat se trouvent à l’intérieur de l’administration, il sait de quoi il parle. En effet, une bonne partie de l’encadrement de l’éducation (syndicats, associations de parents d’élèves, corps enseignant, jusqu’aux cadres supérieurs) opposent une farouche résistance à toute modernisation des programmes scolaires. Face à cette pression accrue, renforcée par la démission des forces modernistes, il est fort à craindre que les décideurs soient tentés, en ces temps d’incertitude et de décrépitude, par la solution facile : leur céder le pouvoir de décision. Ce serait prendre le risque de rompre une tradition politique ancrée dans le système de gouvernance algérien. Une tradition politique qui semble être jusqu’ici payante, selon laquelle, par souci d’équilibre, on met des personnalités libérales, modérées ou de formation bilingue à la tête des ministères à vocation idéologique (éducation, affaires religieuses, culture, justice) qui sont censés déjà suffisamment investis par les conservateurs, et affecter des ministres d’obédience islamiste ou conservatrice aux départements techniques (travaux publics, commerce, pêche, etc.), dont l’encadrement est supposé être moins porté par les idées islamistes. Or, les islamistes, Bouguerra Soltani l’a bien dit un jour, sont prêts à céder tous leurs portefeuilles pour celui de l’éducation. Alors ?
R. M.
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