Affaire de la fuite des sujets au bac, retrait de Sofiane Djilali : la CLTD vole en éclats
L'affaire de la fraude au bac a fait éclater la Coordination des libertés et de la transition démocratique (CLTD) en mille morceaux. Le coup de grâce lui a été donné par l'islamiste Mokri qui a fini par se dévoiler pour écorcher Mohcine Belabbas, son «allié» laïc du RCD. Dans un billet intitulé «Les laïcs de chez nous et Benghebrit», le chef du MSP s’en prend, sans les nommer, à ses alliés du RCD, pour avoir apporté leur «soutien sans faille» à la ministre de l'Education, pour des considérations «idéologiques». Il les met dans le panier des «laïcs de chez nous» qu’il accuse de manquer de probité et d’éthique et même de patriotisme. Pas moins. Pourtant, Mohcine Belabbas n’a pas été tendre avec le pouvoir dans cette affaire des fuites au bac, mais les islamistes attendaient plus de lui, qu’il fasse le pas qui l’éloigne des «fondamentaux» du RCD, notamment la laïcité et la modernité, et le rapproche, au contraire, du projet de société islamiste. Or, en exprimant ouvertement sa solidarité avec Nouria Benghebrit, le président du RCD a voulu montrer qu’il était plus proche d’elle et de ses positions, même si elle est membre du gouvernement et donc partie prenante au pouvoir dont il est un des opposants déclarés, que de Mokri ou Djaballah, ses «alliés» de la CLTD qui sont totalement hostiles à la ministre de l’Education pour des raisons idéologiques. Tout le monde a constaté, comme l’a noté Algeriepatriotique,que «les islamistes algériens militent pour le maintien du système éducatif en l’état, parce qu’ils savent que l’école algérienne, dans son aspect actuel, est déjà acquise à leur idéologie». Le RCD est pour les réformes que veut poursuivre Benghebrit pour sortir l’Ecole de cette dépendance idéologique qui la bloque. La divergence, au sein de la CLTD, entre le courant laïc et le courant islamiste, qui a été révélée par l’affaire des fuites au bac, a mis fin à l’illusion d’une opposition unie qui transcende la question fondamentale du projet de société. Il faut rappeler que dans la CLTD d’origine ont siégé le RCD, le MSP, le FJD, Ennahda, Jil Jadid et Ahmed Benbitour. Personne n’a, jusqu’à maintenant, compris comment des «laïco-assimiliationnistes modernes» pouvaient s’allier aux islamistes, comment Saïd Sadi pouvait s’afficher, au nom du RCD, avec un dirigeant de l’ex-FIS au Mazafran. Mais tout cela semble bien fini maintenant. La CTLD, comme opposition de «consensus», n’existe plus. En fait, c’est le retrait tonitruant de Sofiane Djilali de ce conglomérat hétéroclite de partis et de membres aux parcours, aux idées et aux objectifs diamétralement opposés, qui avait déjà annoncé sa fin. Dans son interview à Algeriepatriotique (2 juin 2016), Sofiane Djilali explique pourquoi il a quitté la CLTD. Il savait que ce rassemblement allait atteindre ses limites à cause de «la nature même du groupe». Jil Jadid a cru un moment qu’il était possible pour les partis et personnalités composant ce groupe de dépasser leurs différences fondamentales et de mener un combat commun contre le pouvoir. Sofiane Djilali a même fait des propositions pour engager la bataille électorale de 2017, «établir des listes communes, à ne pas négocier en solo, à préparer un programme commun comme alternative ». Evidemment, sans suite. Sofiane Djilali ne s’est pas prononcé sur l’affaire du bac, mais il est utile de rappeler qu’en avril dernier, il été le premier homme politique de l’opposition à rendre visite aux enseignants contractuels de l'éducation nationale bloqués à Boudouaou et exprimer ainsi son soutien à leur mouvement revendicatif. Il annonce, dans l’interview accordée à notre journal, qu’il fera bientôt connaître le projet de société pour lequel milite Jil Jadid. Sans doute, pour une société moderne et pas une société moyenâgeuse et rétrograde, appuyée sur des fondements importés et incompatibles avec nos valeurs.
Houari Achouri