Meslem : «Nous ne disposons pas du vrai nombre de nécessiteux»
La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, considère que le nombre de personnes vivant dans la précarité est beaucoup plus élevé que ce qui est annoncé officiellement. Intervenant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, la ministre de la Solidarité a relevé l’inexistence de chiffres précis sur le nombre de nécessiteux en Algérie. Selon elle, le ministère de l’Intérieur les a évalués à 1,7 million. Mais tout indique, affirme-t-elle, qu’ils sont bien plus nombreux. La ministre fait référence notamment aux associations de la société civile, qui font dans l’assistance aux personnes nécessiteuses, qui parlent de près de 10 millions de personnes. Autrement dit, presque 25% de la population vit dans la précarité. Mme Meslem reconnaît qu’il y a une difficulté à définir qui est pauvre et qui ne l’est pas. Elle assure que le fichier de son département fait ressortir 854 814 personnes bénéficiant de l’AFS (allocation forfaitaire de solidarité) pour un budget équivalent à 42,5 milliards de dinars. Mme Meslem considère ainsi qu’il est impératif de travailler sur le ciblage et la définition de la notion de «nécessiteux». La ministre estime que le système de la solidarité nationale est inefficace et doit être revu et corrigé. Elle affirme qu’il est nécessaire de s’éloigner de l’«assistanat» en faveur d’un véritable développement social. «On va dans le sens de revoir le système de solidarité nationale en s'éloignant de l'assistanat, en travaillant davantage pour un développement social», a-t-elle déclaré, relevant le fait que l’Etat algérien soit «à caractère social par excellence». Mme Meslem souligne que son département a tracé un programme d’aide et d’accompagnement dans le sens du développement social, notamment par le biais de l’ADS et de l’Angem et d’autres dispositifs qui aident les chômeurs, les femmes et les couches vulnérables à s’en sortir par le financement de micro-crédits conformément à l’orientation du gouvernement. «Nous avons un mot d’ordre : élargir la couche sociale moyenne et rétrécir celle des démunis, c’est pour cette raison que nous avons mis en place cette multitude de mécanismes », a-t-elle soutenu. Mais, reconnaît-elle, cela ne marche pas à tous les coups.
Sonia Baker