Le vil chantage des Al-Saoud sur Ban Ki-moon pour couvrir le massacre d’enfants au Yémen
Après Israël, qui a toujours affiché un mépris complet pour les résolutions du Conseil de sécurité, puis le Maroc dont le roi a ordonné de chasser du Sahara Occidental occupé, les observateurs onusiens de la Minurso, c’est au tour de l’Arabie Saoudite d’humilier l’ONU en achetant son silence sur les massacres commis au Yémen par la coalition arabe dirigée par les Al-Saoud. Un rapport des Nations unies rendu public le 2 juin, a établi que cette coalition a été responsable de 60% des homicides et des blessures dont des enfants ont été victimes dans le cadre du conflit au Yémen, l’an dernier, en tuant 510 et en blessant 667 autres. Ban Ki-moon lui-même a déclaré : «Le nombre de violations graves commises contre des enfants a considérablement augmenté avec l’intensification du conflit». L’Arabie Saoudite et ses alliés se sont retrouvés inscrits sur la liste noire des Etats portant atteinte aux droits des enfants dans les situations de conflit (au Yémen, dans ce cas précis). Ils ont alors fait pression sur Ban Ki-moon en menaçant de couper les financements de fonds onusiens et on a même entendu dire qu’une fatwa allait être prononcée contre l’ONU en vue de cesser toutes relations avec ses institutions et priver leurs programmes du soutien financier. Résultat : lundi 6 juin, le porte-parole du secrétaire général Ban Ki-moon, Stéphane Dujarric, annonce que l’ONU et l’Arabie Saoudite allaient revoir ensemble le contenu du rapport et qu’en attendant les conclusions de cette révision, ce pays était retiré de la liste annexée au rapport. L’ambassadeur saoudien Abdallah Al-Mouallimi s’est empressé de s’en réjouir. Son chantage a suffi pour que l’ONU courbe l’échine. C’est une honte ! Pour tous les observateurs, cette décision découle directement de ces pressions diplomatiques exercées par l’Arabie Saoudite et ses alliés de la coalition, en particulier le Koweït, les Emirats arabes unis et le Qatar. Ce recul de l’ONU a entaché encore plus la crédibilité des Nations unies déjà mise à mal par d’autres comportements. Ce fait a un précédent : le régime d’exception accordée à l’entité sioniste par l’ONU qui s’est abstenue, sous la pression américaine, d’incriminer Israël alors qu’il est avéré que des centaines d’enfants ont été tués et des milliers d’autres blessés lors de l’agression israélienne contre la bande de Gaza. Autre fait plus récent : l’affront infligé à Ban Ki-moon par le Maroc à cause du terme «occupation» utilisé par le secrétaire général de l’organisation internationale pour décrire la situation du Sahara Occidental. En représailles, le roi avait décidé l’expulsion de dizaines de membres du personnel civil de la Minurso. En avril, le Conseil de sécurité, neutralisé par les alliés du Maroc, n’a pas suffisamment soutenu Ban Ki-moon et n’a pu aller loin dans la condamnation ferme, assortie de sanctions, de cette mesure prise par le Makhzen. Pour les observateurs, la porte était ainsi ouverte à d’autres humiliations de l’ONU. On ne peut ne pas rappeler qu’en 2011, c’est contre la Libye, en violation du principe de souveraineté des Etats, que l’ONU a montré sa «force» en autorisant, par une résolution du Conseil de sécurité votée en mars de cette année, l’Otan à intervenir dans ce pays sous prétexte de défendre des centaines de milliers de civils qui auraient été menacés de génocide par Mouammar Kadhafi à Benghazi. Cette ingérence militaire dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, effectuée sous couvert de l’ONU, s’est terminée par l’assassinat de Kadhafi et a été suivie par la dérive de la Libye vers le chaos qui s’est installé dans ce pays dont des régions entières sont devenues des bases du mouvement terroriste Daech, qui étend sa menace aujourd’hui jusque dans l’espace européen.
Houari Achouri