Une contribution du Dr Arab Kennouche – Du Tanakh juif au Très Sublime Coran
Si nous parvenions en ce mois sacré de Ramadhan à revenir vers plus d’humanité, nous aurions à notre manière en Algérie tenté d’apaiser le monde actuel contre les effets du choc des civilisations si cher à Samuel Huntington et à Daech. Effectivement, au lieu de continuer cet exercice interminable d’analyse en biais de la politique internationale, il serait temps de reposer deux questions fondamentales d’essence théologique qui, elles, ont été occultées par des siècles de sécularisation et qui aujourd’hui, en ce temps presque eschatologique, refont surface : pourquoi Jésus n’est-il pas le Messie attendu des juifs ? Ce qui détermine un premier clivage entre juifs et chrétiens. Pourquoi Mohammed n’est-il pas le prophète de Dieu tant pour les juifs que pour les chrétiens ? Ce qui détermine un deuxième clivage entre l’amalgamé judéo-christianisme et islam. On aura beau tourner autour du pot, en promulguant la nécessité d’un humanisme planétaire, où d’un dialogue œcuménique des civilisations ces deux questions fondamentales ressurgiront d’une manière ou d’une autre contre la logorrhée d’une «science» politique incapable à circonvenir le mal. Oui, pourquoi donc Jésus n’est-il pas le messie pour les juifs, alors qu’il l’est pour les chrétiens et les musulmans ? Et pourquoi donc Mohammed ne serait-il pas le dernier prophète confirmant les Ecritures saintes ? Voilà les deux véritables clés du monde des enjeux politiques actuels que bien des journaux, bien des livres, bien des essais, ou encore bien des discours religieux et politiques ont effacé de la conscience humaine. Il est temps, donc, de remettre les pendules à l’heure, et sous aucun prétexte de complexité théologique tenter de déterrer ces fameuses controverses afin que tout un chacun s’abreuve de la vérité, autant que faire se peut.
Le premier clivage : qui est Jésus de Nazareth ?
Alors que de nombreuses théories pleuvent chaque jour sur l’essence du messianisme juif, comme pour mieux écarter le simple et bon citoyen d’une question fondamentale, il ne saurait être question ici de compliquer volontairement le problème, comme Dieu lui-même le voudrait pour toutes ses créatures : c’est le bon sens qui doit nous guider. Dans l’Ancien Testament des juifs, le Tanakh (consultable en ligne en hébreu et anglais), il existe en de très nombreux passages des prophéties annonçant la venue du Messie en termes objectifs. Dieu faisant appel au bon sens de l’humanité, el Aql, s’est toujours défendu de se dissimuler, de se crypter, ou de parler exclusivement en termes voilés, ésotériques, pour de soi-disant théologiens avertis et initiés tandis que le bon vieux paysan analphabète serait délaissé dans sa révélation. On peut très bien voir que Jésus de Nazareth est le véritable messie que le judaïsme orthodoxe refuse de reconnaître jusqu’à ce jour en nous attardant sur les versets «objectifs» du Tanakh. Il existe des signes concrets qui ne souffrent aucune contestation possible : le Messie naîtra d’une jeune femme vierge (Esaie, Chap VII, 14), il naîtra à Bethléem (Michée, Chap V, 1), et il viendra un jour sur le dos d’un âne (Zacharie, Chap IX, 9). Ces trois caractéristiques étaient annoncées dans le Tanakh juif. On pourra toujours interpréter la mission de Jésus diversement lorsqu’il s’agit de concepts abstraits, comme la paix, mais les mots «femme vierge», «Bethléem» et «âne» ne permettent aucune autre interprétation possible que celle de l’objet auquel ils réfèrent. Un âne est un âne pour tout le monde, savant ou simple paysan. Bethléem est localisée depuis la nuit des temps. Enfin, la naissance miraculeuse de Jésus (par la vierge Marie) est trop spécifique pour ne pas refléter la prophétie d’Esaie. Le judaïsme admet l’existence historique de Jésus de Nazareth mais lui dénie le caractère de messie. En 2016, les juifs attendent encore ce fameux personnage et cela défie l’entendement humain. Si le messie prophétisé dans le Tanakh n’est pas Jésus de Nazareth venant sur son ânon, alors il est tout à fait loisible d’installer les meilleures technologies de l’information actuelles en ce même lieu de Bethléem : car si Dieu n’a pas été si clair que cela, les juifs de notre époque ne pourront lui reprocher de ne pas avoir été assez généreux en les autorisant à placer, comme une dernière aumône, toute sorte de caméras ultra-sophistiquées dans l’étable et les ruelles de la ville sainte afin de localiser sans faille le pauvre petit ânon et son maître à venir. Quel degré de probabilité en effet conférer au fait que Jésus de Nazareth n’était pas le Messie attendu par ceux-là mêmes qui l’attendaient par des critères pourtant très clairs de sens, relevés dans leur propre Tanakh ? Imaginons un instant qu’un homme se présentant comme un prophète dise en 1970 qu’un Algérien de Béjaïa par ses parents, né en France, deviendra un jour une célébrité sportive mondiale en tant qu’entraîneur et joueur, sans même évoquer la discipline, le football : on aura du mal, après-coup, à ne pas penser à Zidane. C’est trop spécifique, exclusif, unique, idiosyncratique pour que cette personne ne soit personne d’autre que Zidane. On pourra toujours rétorquer que joueur ne veut pas dire joueur de football (comme les rabbins le disent à propos du mot hébreu alma référant à une jeune femme pas forcément vierge), il semblerait toujours spécieux de ne pas reconnaître celui qui était annoncé. Les douze apôtres du Christ eux, l’avaient bien compris.
Le deuxième clivage : Jésus et Mohammed (QSSSL)
Musulmans et chrétiens s’accordent sur Jésus de Nazareth : il était bien l’envoyé de Dieu sur Terre, comme annoncé dans le Tanakh. Cependant, alors que le Coran glorifie la mission de Jésus, juifs et chrétiens rejettent tout le message coranique et son ultime prophète Mohammed (QSSSL). Les thèses avancées par les juifs et les chrétiens concernant la véracité du Coran ont toujours semblé frileuses, incohérentes, puériles : d’un côté, on reconnaîtrait une filiation avec les saintes Ecritures, une espèce de paternité qui jettera son ombre sur tout le Coran, dont ses rectifications importantes. D’un autre, on irait jusqu’à penser que le Coran serait l’œuvre du Diable, rien moins que cela. Comme pour l’histoire de l’ânon, il est aisé de voir comment le christianisme et le judaïsme officiels sont complètement désarmés face à la fulgurance du sublime Coran. Il existe en effet toute une littérature tendant à christianiser ou à judaïser le Coran, prétextant que le texte coranique aurait été dicté à Mohammed (QSSSL) par des moines chrétiens ou des rabbins, au cours de l’un de ses nombreux séjours en terre de Cham. Imaginez un instant de grands prêtres pharisiens, qui déjà ont du mal à reconnaître Jésus comme le Messiah, décliner tout un livre à un Arabe bédouin du désert, qui viendrait remplacer leur Tanakh, et, surtout, tout le pouvoir politico-religieux qui en découlait ? A court d’arguments, juifs et chrétiens ont élaboré une thèse plus que tirée par les cheveux, tant elle nous prend le crâne, les lobes, jusqu’à la moelle épinière. En substance, juifs et chrétiens répètent à l’envi que s’il y a un Coran aujourd’hui, c’est grâce à leurs scribes : quelle contradiction ! Ce livre n’est pas sacré, mais il provient de nos saints. De même alors que le Diable est vilipendé dans tout le Coran, accusé, réfuté, condamné, celui-ci aurait écrit le Coran. Mais si les scribes juifs et chrétiens ont dicté le Coran à Mohammed, l’ont-ils fait avec ou sans le Diable ? La pierre d’achoppement fondamentale entre l’islam et le christianisme officiel concerne la nature du Christ. Pour nous musulmans, Jésus, Aissa dans le Coran, n’est pas Dieu. Il faut savoir que cette question avait déjà été très controversée entre les chrétiens mêmes, bien avant l’avènement de l’islam. Il existe d’ailleurs une science spéciale dans le dogme chrétien, la christologie, qui étudie de quelle manière on pourrait entrevoir la divinité du Christ : les chrétiens ne sont pas d’accord entre eux, et ce, aujourd’hui, même après Nicée. Encore une fois, comme pour l’histoire de l’ânon, dans les Evangiles, rien ne prouve indiscutablement que Jésus soit Dieu en personne. Car même s’il existe des versets qui métaphoriquement, et seulement en ce cas, pourraient aller dans le sens d’un Dieu pleinement révélé (Je suis l’Alpha et l’Oméga, Apocalypse 22 :13… si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père, Jean 14 :17), d’autres très nombreux ne souffrent aucune contestation possible sur une séparation stricte entre Dieu et son envoyé : Abba, Abba, pourquoi m’as-tu abandonné Marc 15 :34… Jésus est assis à la droite du Père, Mathieu 26 :64 … Je m’en vais au Père car Mon Père est plus grand que Moi… Jean 14 :28. L’emploi du comparatif (plus grand que moi) démonte tout l’échafaudage de la doctrine trinitaire d’une prétendue manifestation divine en trois stases, le Fils, le Père et le Saint-Esprit, équipotentes. Car même s’il est possible d’interpréter philosophiquement l’abaissement de Dieu dans la nature humaine, il est tout autant vrai du contraire, une absolue transcendance de Dieu comme le dit le Coran en écho aux paroles de Jésus même, dans Jean, Mathieu, et Marc. Le Coran est venu corriger cette aberration en proclamant l’unicité de Dieu (tawhid) et le caractère non divin de Jésus. Il paraît ridicule, par conséquent, de vouloir attribuer une origine scripturaire juive ou chrétienne du Coran qui pour la dernière mettrait en opposition un Dieu unique avec un Homme divinisé. Ce qui est frappant, c’est encore que la thèse des scribes inspirateurs se lit comme un conte de fées : à ce jour, personne parmi les critiques, théologiens et autres pamphlétaires islamophobes n’est capable de donner les noms des soi-disant auteurs juifs et chrétiens du Coran. Enfin, nombre d’historiens, de spécialistes de la Préhistoire sont fiers de pouvoir dater d’une façon extrêmement précise, au carbone 14, des momies ou des fossiles, mais aucun d’entre eux à ce jour n’a fourni la liste des auteurs du Coran, comme ils l’avancent, défiant toute bonne raison. Nous sommes heureusement parvenus à une époque où la raison scientifique a atteint des sommets : mais lorsqu’il s’agit du Coran, l’Occident judéo-chrétien apparaît ridicule, ingrat, de mauvaise foi, pêcheur. Le Coran a renvoyé à la préhistoire de la pensée réflexive tout l’Occident judéo-chrétien, pourtant armé de philologues, d’historiens, de linguistes, de paléographes, d’archéologues, comme jamais auparavant. La raison scientifique qu’il invoque inlassablement contre la pensée obscurantiste leur fait défaut face au Coran, et c’est cette dernière qui finalement s’immisce pour tenter de vaines explications contre l’islam. Car quelqu’un qui aurait un tant soit peu assimilé une forme universelle de pensée ne pourrait réfuter l’irréfutable : un texte aussi dense, prophétique, aussi riche, ayant pénétré la Perse, Byzance, l’Egypte, l’Afrique, l’Inde, la Chine, comprenant autant de registres, dans une langue élevée à un tel niveau d’expressivité, ne peut être l’objet d’une dictée humaine. Nous ne pouvons que nous étonner, sans réprobation aucune, devant autant de facilité à nier l’évidence et espérons seulement que les savants de l’islam et des autres religions révélées se réuniront autour de ces questions essentielles au moment où les rhétoriques propres aux sciences humaines s’affaissent dans leurs derniers essais d’expliquer les turbulences du monde géopolitique actuel.
Dr Arab Kennouche
Le premier clivage : qui est Jésus de Nazareth ?
Alors que de nombreuses théories pleuvent chaque jour sur l’essence du messianisme juif, comme pour mieux écarter le simple et bon citoyen d’une question fondamentale, il ne saurait être question ici de compliquer volontairement le problème, comme Dieu lui-même le voudrait pour toutes ses créatures : c’est le bon sens qui doit nous guider. Dans l’Ancien Testament des juifs, le Tanakh (consultable en ligne en hébreu et anglais), il existe en de très nombreux passages des prophéties annonçant la venue du Messie en termes objectifs. Dieu faisant appel au bon sens de l’humanité, el Aql, s’est toujours défendu de se dissimuler, de se crypter, ou de parler exclusivement en termes voilés, ésotériques, pour de soi-disant théologiens avertis et initiés tandis que le bon vieux paysan analphabète serait délaissé dans sa révélation. On peut très bien voir que Jésus de Nazareth est le véritable messie que le judaïsme orthodoxe refuse de reconnaître jusqu’à ce jour en nous attardant sur les versets «objectifs» du Tanakh. Il existe des signes concrets qui ne souffrent aucune contestation possible : le Messie naîtra d’une jeune femme vierge (Esaie, Chap VII, 14), il naîtra à Bethléem (Michée, Chap V, 1), et il viendra un jour sur le dos d’un âne (Zacharie, Chap IX, 9). Ces trois caractéristiques étaient annoncées dans le Tanakh juif. On pourra toujours interpréter la mission de Jésus diversement lorsqu’il s’agit de concepts abstraits, comme la paix, mais les mots «femme vierge», «Bethléem» et «âne» ne permettent aucune autre interprétation possible que celle de l’objet auquel ils réfèrent. Un âne est un âne pour tout le monde, savant ou simple paysan. Bethléem est localisée depuis la nuit des temps. Enfin, la naissance miraculeuse de Jésus (par la vierge Marie) est trop spécifique pour ne pas refléter la prophétie d’Esaie. Le judaïsme admet l’existence historique de Jésus de Nazareth mais lui dénie le caractère de messie. En 2016, les juifs attendent encore ce fameux personnage et cela défie l’entendement humain. Si le messie prophétisé dans le Tanakh n’est pas Jésus de Nazareth venant sur son ânon, alors il est tout à fait loisible d’installer les meilleures technologies de l’information actuelles en ce même lieu de Bethléem : car si Dieu n’a pas été si clair que cela, les juifs de notre époque ne pourront lui reprocher de ne pas avoir été assez généreux en les autorisant à placer, comme une dernière aumône, toute sorte de caméras ultra-sophistiquées dans l’étable et les ruelles de la ville sainte afin de localiser sans faille le pauvre petit ânon et son maître à venir. Quel degré de probabilité en effet conférer au fait que Jésus de Nazareth n’était pas le Messie attendu par ceux-là mêmes qui l’attendaient par des critères pourtant très clairs de sens, relevés dans leur propre Tanakh ? Imaginons un instant qu’un homme se présentant comme un prophète dise en 1970 qu’un Algérien de Béjaïa par ses parents, né en France, deviendra un jour une célébrité sportive mondiale en tant qu’entraîneur et joueur, sans même évoquer la discipline, le football : on aura du mal, après-coup, à ne pas penser à Zidane. C’est trop spécifique, exclusif, unique, idiosyncratique pour que cette personne ne soit personne d’autre que Zidane. On pourra toujours rétorquer que joueur ne veut pas dire joueur de football (comme les rabbins le disent à propos du mot hébreu alma référant à une jeune femme pas forcément vierge), il semblerait toujours spécieux de ne pas reconnaître celui qui était annoncé. Les douze apôtres du Christ eux, l’avaient bien compris.
Le deuxième clivage : Jésus et Mohammed (QSSSL)
Musulmans et chrétiens s’accordent sur Jésus de Nazareth : il était bien l’envoyé de Dieu sur Terre, comme annoncé dans le Tanakh. Cependant, alors que le Coran glorifie la mission de Jésus, juifs et chrétiens rejettent tout le message coranique et son ultime prophète Mohammed (QSSSL). Les thèses avancées par les juifs et les chrétiens concernant la véracité du Coran ont toujours semblé frileuses, incohérentes, puériles : d’un côté, on reconnaîtrait une filiation avec les saintes Ecritures, une espèce de paternité qui jettera son ombre sur tout le Coran, dont ses rectifications importantes. D’un autre, on irait jusqu’à penser que le Coran serait l’œuvre du Diable, rien moins que cela. Comme pour l’histoire de l’ânon, il est aisé de voir comment le christianisme et le judaïsme officiels sont complètement désarmés face à la fulgurance du sublime Coran. Il existe en effet toute une littérature tendant à christianiser ou à judaïser le Coran, prétextant que le texte coranique aurait été dicté à Mohammed (QSSSL) par des moines chrétiens ou des rabbins, au cours de l’un de ses nombreux séjours en terre de Cham. Imaginez un instant de grands prêtres pharisiens, qui déjà ont du mal à reconnaître Jésus comme le Messiah, décliner tout un livre à un Arabe bédouin du désert, qui viendrait remplacer leur Tanakh, et, surtout, tout le pouvoir politico-religieux qui en découlait ? A court d’arguments, juifs et chrétiens ont élaboré une thèse plus que tirée par les cheveux, tant elle nous prend le crâne, les lobes, jusqu’à la moelle épinière. En substance, juifs et chrétiens répètent à l’envi que s’il y a un Coran aujourd’hui, c’est grâce à leurs scribes : quelle contradiction ! Ce livre n’est pas sacré, mais il provient de nos saints. De même alors que le Diable est vilipendé dans tout le Coran, accusé, réfuté, condamné, celui-ci aurait écrit le Coran. Mais si les scribes juifs et chrétiens ont dicté le Coran à Mohammed, l’ont-ils fait avec ou sans le Diable ? La pierre d’achoppement fondamentale entre l’islam et le christianisme officiel concerne la nature du Christ. Pour nous musulmans, Jésus, Aissa dans le Coran, n’est pas Dieu. Il faut savoir que cette question avait déjà été très controversée entre les chrétiens mêmes, bien avant l’avènement de l’islam. Il existe d’ailleurs une science spéciale dans le dogme chrétien, la christologie, qui étudie de quelle manière on pourrait entrevoir la divinité du Christ : les chrétiens ne sont pas d’accord entre eux, et ce, aujourd’hui, même après Nicée. Encore une fois, comme pour l’histoire de l’ânon, dans les Evangiles, rien ne prouve indiscutablement que Jésus soit Dieu en personne. Car même s’il existe des versets qui métaphoriquement, et seulement en ce cas, pourraient aller dans le sens d’un Dieu pleinement révélé (Je suis l’Alpha et l’Oméga, Apocalypse 22 :13… si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père, Jean 14 :17), d’autres très nombreux ne souffrent aucune contestation possible sur une séparation stricte entre Dieu et son envoyé : Abba, Abba, pourquoi m’as-tu abandonné Marc 15 :34… Jésus est assis à la droite du Père, Mathieu 26 :64 … Je m’en vais au Père car Mon Père est plus grand que Moi… Jean 14 :28. L’emploi du comparatif (plus grand que moi) démonte tout l’échafaudage de la doctrine trinitaire d’une prétendue manifestation divine en trois stases, le Fils, le Père et le Saint-Esprit, équipotentes. Car même s’il est possible d’interpréter philosophiquement l’abaissement de Dieu dans la nature humaine, il est tout autant vrai du contraire, une absolue transcendance de Dieu comme le dit le Coran en écho aux paroles de Jésus même, dans Jean, Mathieu, et Marc. Le Coran est venu corriger cette aberration en proclamant l’unicité de Dieu (tawhid) et le caractère non divin de Jésus. Il paraît ridicule, par conséquent, de vouloir attribuer une origine scripturaire juive ou chrétienne du Coran qui pour la dernière mettrait en opposition un Dieu unique avec un Homme divinisé. Ce qui est frappant, c’est encore que la thèse des scribes inspirateurs se lit comme un conte de fées : à ce jour, personne parmi les critiques, théologiens et autres pamphlétaires islamophobes n’est capable de donner les noms des soi-disant auteurs juifs et chrétiens du Coran. Enfin, nombre d’historiens, de spécialistes de la Préhistoire sont fiers de pouvoir dater d’une façon extrêmement précise, au carbone 14, des momies ou des fossiles, mais aucun d’entre eux à ce jour n’a fourni la liste des auteurs du Coran, comme ils l’avancent, défiant toute bonne raison. Nous sommes heureusement parvenus à une époque où la raison scientifique a atteint des sommets : mais lorsqu’il s’agit du Coran, l’Occident judéo-chrétien apparaît ridicule, ingrat, de mauvaise foi, pêcheur. Le Coran a renvoyé à la préhistoire de la pensée réflexive tout l’Occident judéo-chrétien, pourtant armé de philologues, d’historiens, de linguistes, de paléographes, d’archéologues, comme jamais auparavant. La raison scientifique qu’il invoque inlassablement contre la pensée obscurantiste leur fait défaut face au Coran, et c’est cette dernière qui finalement s’immisce pour tenter de vaines explications contre l’islam. Car quelqu’un qui aurait un tant soit peu assimilé une forme universelle de pensée ne pourrait réfuter l’irréfutable : un texte aussi dense, prophétique, aussi riche, ayant pénétré la Perse, Byzance, l’Egypte, l’Afrique, l’Inde, la Chine, comprenant autant de registres, dans une langue élevée à un tel niveau d’expressivité, ne peut être l’objet d’une dictée humaine. Nous ne pouvons que nous étonner, sans réprobation aucune, devant autant de facilité à nier l’évidence et espérons seulement que les savants de l’islam et des autres religions révélées se réuniront autour de ces questions essentielles au moment où les rhétoriques propres aux sciences humaines s’affaissent dans leurs derniers essais d’expliquer les turbulences du monde géopolitique actuel.
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