L’ambassade d’Irak à Alger incite les Algériens à se rendre en pèlerinage dans les lieux saints chiites
L’ambassade d’Irak en Algérie a publié un communiqué dans lequel elle informe que ses services viennent d’ouvrir un bureau pour recevoir les demandes des citoyens algériens désirant se rendre aux lieux saints chiites en Irak, et que des instructions ont été données pour faciliter les procédures de livraison d’autorisation d’entrée aux Algériens. L’annonce, publiée sur le site officiel de l’ambassade, indique également que l’opération est prise en charge, non pas par le ministère des Affaires étrangères, mais par le ministère de la Culture irakien. Ce qui confère à cette mission un caractère hautement idéologique. Cette annonce inédite confirme tacitement l’existence d’une communauté chiite en Algérie et accrédite, par la même, les alertes lancées depuis quelques mois en Algérie mettant en garde contre une campagne de prosélytisme dans un pays à majorité sunnite et pratiquant essentiellement le rite malékite. Même si des survivances chiites subsistent encore dans les régions marquées par le passage de la dynastie fatimide (du Xe au XIIe siècles) qui régna depuis l’Ifriqiya (Algérie et Tunisie) puis depuis l’Egypte sur un empire qui englobait une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient, la glorification de «Sidna Ali» dans les légendes populaires est un des signes de cette allégeance ancienne au culte chiite ismaélite. Récemment, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a annoncé des mesures coercitives pour lutter contre la propagation de ce phénomène qui, selon des comptes rendus de presse, ne cesse de prendre de l’ampleur dans certaines régions reculées du pays, avec l’apparition de petites communautés secrètes évoluant en sectes et pratiquant des cultes ésotériques. Mais ce qui semble inquiéter le plus les autorités algériennes, c’est surtout le risque de récupération de ces nouveaux convertis par des réseaux internationaux. Une récupération qui serait encouragée par une conjoncture régionale marquée par l’exaspération des clivages confessionnels chiisme-sunnisme, sur fond de guerre larvée entre l’Iran, grand parrain des chiites dans le monde, accusés par ses adversaires de nourrir des visées expansionnistes dans la région, et l’Arabie Saoudite qui finance tous les mouvements islamistes d’obédience wahhabite, notamment en Irak et en Syrie, où ils sont actuellement aux prises avec les forces armées loyales dans ces deux pays.
R. Mahmoudi
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