Ramadhan : retour en force des migrants subsahariens
Les migrants subsahariens reviennent en force en Algérie. On les trouve presque partout. Certains demandent de l’aumône sur la route, avec souvent des enfants de bas âge. D’autres préfèrent aller travailler dans les nombreux chantiers qui existent à travers le territoire national. Ces migrants sont particulièrement nombreux durant ce mois de Ramadhan. Il n’y a pas de chiffres officiels. Mais ils sont partout dans nos villes. Un phénomène qui demeure difficilement explicable. De l’autre côté, les migrants ou réfugiés syriens, c’est selon, deviennent très rares. Du moins, on les voit plus comme avant, entassés dans des endroits de nos villes ou occupant des artères entières pour demander de l’aide des cœurs charitables. Que s’est-il passé ? Sont-ils retournés chez eux ? Peu probable, surtout quand on voit ce qui se passe dans leur pays. Ils sont allés dans des centres d’accueil aménagés par l’Etat et le Croissant-Rouge algérien spécialement pour eux ? Peut-être, car il fait chaud en ce mois de Ramadhan. Le retour des migrants subsahariens confirme ainsi que l’Algérie n’est pas seulement un pays de transition, mais une terre d’accueil de ceux qui cherchent à travailler. Il faut dire que ces dernières années, Alger, par exemple, a accueilli beaucoup de migrants africains et syriens. Certains ont fui des zones de conflits ou des guerres carrément. D’autres ont fui la misère et la pauvreté. Dans un entretien accordé récemment à Algeriepatriotique, Mme Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien, a assuré que l’Algérie a été déclarée capitale de l’humanitaire en raison du nombre de réfugiés qu’elle a accueillis ces dernières années. Cette situation est induite par les conflits qui sont à nos portes. «Les exemples ne manquent pas, à commencer par la Somalie, l’Irak, la région du Sahel, la Syrie, le Mali et les tentatives de déstabilisation de l’Algérie», a souligné Mme Benhabylès. Elle estime qu’il faudrait s’attaquer à l’origine du mal. «Il faudrait sanctionner et mettre fin à ces actes irresponsables. Nous, au Croissant-Rouge, nous faisons le maximum. Et quand je vous ai dit qu’Alger a été déclarée capitale de l’humanitaire, ce n’est pas par hasard ; c’est une considération pour tout ce que l’Algérie a fait et continue de faire pour les réfugiés, surtout ces dernières années. L’Etat algérien a respecté la dignité de ces gens-là. Dans les rues, vous ne voyez pas de gens malades. Ils se soignent gratuitement», avait-elle assuré. «A Tamanrasset, où se trouve la plus forte concentration de réfugiés, j’ai passé une semaine au milieu de ces réfugiés. Je leur ai offert un déjeuner. Ils étaient, à peu près, 600 migrants. J’ai fait le tour de table et discuté avec eux. Je suis partie à l’hôpital. J’ai discuté avec eux là-bas aussi. Ils m’ont dit qu’ils étaient bien soignés. Il y a même des Maliens qui, ne pouvant être soignés à Tamanrasset, se sont rendus à Alger. J’ai consulté les dossiers des malades migrants», avait-elle insisté, affirmant que des malades dont les pathologies ne peuvent être soignées à Tamanrasset sont évacués par avion. Il y a eu, selon elle, quelques cas de sida. «Des traitements, onéreux, leur sont fournis gratuitement. Il y a des malades qui viennent du Mali et du Niger pour se faire soigner, mais qui rentrent chez eux. Il y a des femmes enceintes qui viennent accoucher à Tamanrasset et repartent chez elles également. Quand le représentant de l’ambassade des Etats-Unis et l’ambassadeur du Japon sont partis là-bas et ont consulté les dossiers médicaux des migrants, ils sont restés bouche bée», avait-elle poursuivi pour donner une idée sur les efforts de l’Etat algérien envers les réfugiés africains et autres. Pour Mme Benhabylès, l’Algérie fait ce qu’elle peut. Mais cela ne suffit pas. Il faut donc que la communauté internationale prenne ses responsabilités et, pour ce faire, il faudrait qu’elle mette fin à l’utilisation des armes et de la force pour régler les problèmes. «Qu’elle mette fin à l’ingérence», avait-elle conclu. L’Algérie va donc continuer à recevoir de migrants africains tant que la situation dans leur pays ne revient pas à la normale et tant que leur économie ne génère ni emplois ni richesses.
Sonia Baker
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