Une dame raconte son calvaire depuis le séisme de Boumerdès
Une dame, parmi les victimes du séisme du 21 mai 2003 qui a secoué la wilaya de Boumerdès, raconte son calvaire dans un courriel adressé à notre rédaction. Cette dame, lassée par une attente qui a duré 13 ans, raconte les péripéties de sa démarche pour obtenir un toit décent, après avoir perdu sa maison. «Ma maison a été classée « rouge » lors du séisme du 21 mai 2003 et a été démolie par les services de l’APC d’Ouled Moussa, dans la wilaya de Boumerdès. Une fiche du CTC centre et une attestation de démolition m’ont été remises», a-t-elle expliqué dans son courriel. Ainsi, la dame dit avoir cherché à faire valoir ses droits à une réparation. Mais elle a été confrontée à une «muraille» d’embûches au niveau de l’APC d’Ouled Moussa. Elle passe ainsi des mois à être envoyée d’un bureau à l’autre, d’un responsable à l’autre avant qu’elle soit réorientée vers les services de la daïra et puis de la wilaya. De 2003 à 2009, rien n’a été fait. Elle assure que durant toutes ses années, elle n’avait pas cessé d’effectuer les démarches nécessaires pour être relogée comme tous les sinistrés du séisme de 2003. En vain. «Malgré tous les documents que j’ai eu à présenter, l’APC d’Ouled Moussa refuse de reconnaître que je suis sinistrée pour des raisons qui me sont toujours inconnues», a-t-elle dénoncé. Cette dame, Mme Mebarki, assure avoir frappé à toutes les portes sans résultat. Elle dit avoir vu les responsables au niveau de la daïra et de la wilaya sans que cela change sa situation d’une femme hébergée par des gens de sa famille. «En 2009, j’ai saisi la justice qui m’a donné raison et a ordonné à l’APC de me reloger comme tous les sinistrés. La décision a été transmise par huissier de justice aux responsables de l’APC qui ne m’ont jamais répondu», a-t-elle souligné, assurant qu’en 2015, le président de l’APC d’Ouled Moussa l’avait reçue. «Il m’a reçue d’une manière inqualifiable pour me dire que le jugement est un faux», a-t-elle ajouté. Ellen’a pas baissé les bras, puisque quelque temps après, durant la même année, elle avait saisi le wali de Boumerdès par le biais de son avocat pour lui poser son problème. Pas de réponse à ce jour, regrette-t-elle. La dame fait état de l’absence d’interlocuteur. Pour elle, les responsables fuient leur responsabilité et le citoyen n’a plus à qui se plaindre. «En 2016, je retourne à la wilaya, la cellule d’écoute m’envoie à la daïra où je me suis présentée six fois de suite, toujours sans résultat», a-t-elle assuré. «Il est inutile que je décrive ma souffrance à être hébergée de maison en maison chez mes proches et d’avoir tout perdu, car l’APC avait décidé de démolir ma maison avec tous les meubles et tout ce qu’il y avait à l’intérieur sans me prévenir et pendant que j’étais absente», a souligné cette dame qui était directrice d’établissement d’accueil préscolaire avant qu’elle ne prenne sa retraite. Elle se demande aujourd’hui «quel est le rôle des personnes qui occupent les postes de responsabilité si ce n’est pas celui de gérer». Comme beaucoup d’Algériens, cette dame a vécu le mépris et la hogra pendant 13 ans et rien n’est encore réglé. Son cas dément ainsi l’auto-satisfecit des responsables du secteur de l’habitat qui se targuent avoir pris en charge tous les sinistrés du séisme de Boumerdès et bien plus qu’eux. Abdelmadjid Tebboune, ministre de l’Habitat, n’est assurément pas au courant du calvaire que vit cette dame non relogée depuis 2003. Le cas de cette dame prouve que 13 ans après le séisme tout n’a pas été réglé à Boumerdès et qu’il existe encore des victimes qui n’ont pas été relogées contrairement aux déclarations des officiels aussi bien au niveau local que national.
Sonia Baker
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