Chakib Khelil passe à la vitesse supérieure : des zaouïas aux salles de conférences
L’ancien ministre de l’Energie annonce sur sa page Facebook qu’il entend organiser une série de conférences «sur l’économie algérienne». Il invite, pour ce faire, «ses amis» à y participer et à «se mettre en contact» avec lui par courriel. Il annonce également que les personnes intéressées seront informées «directement des conférences qui auront lieu dans leur ville». Chakib Khelil ne donne ni les dates ni les lieux de la tenue de ces conférences, mais il laisse entendre qu’il se déplacera à travers le pays. Il préfère les communiquer par courrier pour éviter, sans doute, que son programme soit perturbé par les citoyens qui l’en empêcheraient ou le chahuteraient. L’ancien membre influent du gouvernement poursuit donc imperturbablement l’exécution de sa feuille de route depuis son retour au pays. Après les confréries religieuses et quelques interventions dans des médias proches des cercles du pouvoir, Chakib Khelil entame un premier exercice de face-à-face avec les citoyens par le biais de conférences thématiques. Il profite de la situation économique difficile pour enfourcher le cheval et prouver sa capacité à sortir le pays de sa crise profonde actuelle. Point de politique pour le moment. Chakib Khelil se concentre, dans cette deuxième phase de son plan de retour graduel aux affaires, sur le rappel des chantiers lancés et réalisés sous sa conduite à la tête du ministère de l’Energie. Sur sa page Facebook, il donne un avant-goût du contenu de ses conférences, puisqu’il énumère le nombre de navires acquis par l’Algérie durant son passage au gouvernement entre 2000 et 2010 – date de son limogeage suite au scandale de Sonatrach découvert par les enquêteurs de l’ex-DRS –, le nombre d’heures de coupures d’électricité et la production de cette énergie de 2000 à 2008 et, enfin, les exportations d’hydrocarbures durant la même période. Un véritable bilan de campagne qui laisse supposer que l’ex-ministre compte passer à la troisième et dernière partie de son plan en abordant les questions politiques et, pourquoi pas, en se présentant à l’élection présidentielle de 2019 ou en s’affichant aux côtés du candidat qui serait choisi par le pouvoir en place pour succéder à Abdelaziz Bouteflika. Chakib Khelil a affirmé à maintes reprises qu’il ne briguait aucun poste politique et qu’il aspirait néanmoins à mettre son expérience au service de l’Algérie. Comment convaincra-t-il de sa sincérité alors que son nom est cité dans l’affaire Sonatrach comme étant l’unique ordonnateur des transactions qui ont conduit les principaux dirigeants de la plus grande compagnie nationale en prison ? Chakib Khelil n’a pas été convoqué par la justice pour donner sa version des faits ne serait-ce qu’en tant que témoin. D’où une absence de crédibilité qu’il tente de maquiller par le biais de ses déplacements très encadrés à l’intérieur du pays et son recours aux réseaux sociaux pour se refaire une virginité.
Karim Bouali
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