Le Sénat allemand reporte le vote sur l’expulsion des ressortissants algériens : raisons humanitaires ou sursis tactique ?
Le Bundesrat (Sénat allemand) a reporté le vote qui devait avoir lieu aujourd’hui, vendredi, pour confirmer ou infirmer la décision de la Chambre basse (le Bundestag) de classer les trois pays du Maghreb (l’Algérie, la Tunisie et le Maroc) dans sa liste des pays sûrs, privant de fait les Maghrébins du droit d’asile en Allemagne, au 8 juillet prochain. Ce report est dû, selon l’agence française AFP, à l’absence d’une majorité suffisante à la Chambre haute pour adopter ce projet de loi. Mais est-ce la véritable raison ? L’alliance socio-démocrates-conservateurs s’est heurtée à l’opposition farouche du parti des Verts (écologistes). Au cours de la séance plénière, des sénateurs de la majorité ont essayé de mettre en avant les derniers événements durant lesquels des migrants maghrébins ont été, une nouvelle fois, pointés du doigt dans l’incident provoqué dans un camp de réfugiés à Düsseldorf, pour essayer de persuader les voix opposées au projet de loi. Pour rappel, cette décision de considérer les pays du Maghreb comme des pays sûrs avait été prise au lendemain des agressions du Nouvel An à Cologne. La chancelière allemande Angela Merkel en a fait part au Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, lors de leur entretien à Berlin, le 13 janvier dernier. En mai dernier, le Parlement allemand s’est s’exprimé sur cette mesure en faveur du projet de loi qui, une fois adoptée, permettra à l’Allemagne de renvoyer plus facilement vers leur pays d’origine les migrants maghrébins clandestins, même si, officiellement, les autorités allemandes affirment étudier les demandes «au cas par cas». Selon des statistiques publiées par la presse allemande, 26 000 Maghrébins ont déposé leur demande d’asile en 2015, mais seule une infime minorité a reçu une réponse favorable.
R. Mahmoudi
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