Le vétéran américain Kevin Barrett à Algeriepatriotique : «Si j’étais algérien, je me méfierais des flatteries de Washington»
Pour cet ancien de la guerre du Vietnam, l’auteur de la tuerie d’Orlando roule pour les services secrets américains et n’a rien à voir avec Daech.
Algeriepatriotique : Vous avez déclaré que l’auteur de la tuerie d’Orlando n’avait rien à voir avec le groupe terroriste Daech. Sur quels éléments d’informations vous basez-vous ?
Kevin Barrett : Il faut commencer par poser la question suivante : qu’est-ce que Daech ? Daech n’est pas un groupe islamiste. C’est plutôt un groupe de mercenaires qui fait partie d’une opération sous la bannière de guerre de quatrième génération. Une théorie développée par les Américains et les Israéliens qui, en ces temps modernes, font la guerre de manière différente : guerre économique, guerre de propagande, etc. Donc, ils ont créé Daech pour déstabiliser des Etats autour d’Israël au début, et d’autres comme le Pakistan. Daech a été créé par un réseau d’intelligence américain, israélien et de l’Otan pour déstabiliser la Syrie totalement et aussi alimenter la propagande contre l’islam. Autre question à se poser : qu’est-ce qu’Orlando ? Est-ce vraiment la question d’un seul tueur ou y avait-il d’autres derrière lui ? Il paraît qu’il y avait d’autres tueurs avec lui. Même quelqu’un de bien entraîné au sein des forces spéciales ne peut tuer cinquante personnes et en blesser autant dans une situation pareille. Dans la boîte de nuit d’Orlando, il y avait – je crois – six ou sept issues de sortie. Comment une seule personne, avec une arme qui n’est pas automatique, pouvait-elle tuer ce nombre important de personnes en même temps ? Ce n’est pas possible. Il devait forcément y avoir d’autres tueurs et dans, ce cas-là, en général, il est question de tueurs professionnels qui choisissent un bouc émissaire qui est le seul à être incriminé pour des raisons politiques.
Cette tuerie intervient en pleine pré-campagne pour la présidentielle. Le terrorisme sert-il de tremplin pour les deux candidats à la Maison-Blanche, Donald Trump et Hillary Clinton ?
Oui. Je trouve que Trump va essayer d’en tirer un avantage en poussant son islamophobie au maximum. Il l’a déjà fait et il le fera encore. Des républicains pensaient qu’après l’élection de leur parti, Trump devait se taire et être plus modéré. Il ne l’a pas fait. Bien au contraire. Il s’en prend aux musulmans comme l’a fait Hitler contre les juifs. L’establishment américain a peur de Trump parce qu’eux aussi sont complices dans des programmes terroristes sous de fausses bannières. Et toute l’élite américaine accepte cela. Seulement, ils ne veulent pas pousser les choses jusqu’au point de provoquer des dégâts aux intérêts américains – et israéliens surtout –, car ce sont eux qui dominent. Ces gens-là créent des tensions entre l’islam et les Américains et manipulent pour atteindre leurs buts stratégiques. Trump veut seulement crier pour prendre un avantage politique, mais il n’a pas vraiment de soucis concernant les ramifications stratégiques. Il est soit naïf, soit égoïste.
Vous venez d’évoquer la complicité de l’establishment américain dans le terrorisme. Sous quelle forme se décline cette complicité ?
Ce n’est pas une complicité directe. Mais il est très probable que des équipes de tueurs, liées aux agences de renseignement, aient commis l’attentat d’Orlando. Omar Mateen est d’une famille de la CIA. Son père est un haut fonctionnaire de la CIA. Omar Mateen travaillait pour G4S, l’équivalent de Black Water, mais en pire. Ce sont des compagnies qui créent des attentats sous de faux drapeaux. Il paraît que même Obama n’est pas au courant de ces choses-là. Ces éléments font partie de l’Etat profond et ce dernier détient plus de pouvoir que l’Etat public. Les Etats-Unis sont dominés par l’Etat profond qui représente les criminels, les milliardaires, etc. Tous les grands hommes et femmes politiques américains font partie du programme. C’est-à-dire qu’ils acceptent le programme depuis l’attentat commis, lui aussi, sous une fausse bannière le 11 septembre 2001.
Jusqu’où peuvent aller les réactions islamophobes aux Etats-Unis après cette tuerie et la campagne médiatique qui s’en est suivie ?
Cet incident a été déclenché pour stimuler l’islamophobie, et cela marche. Le peuple américain est toujours terrifié par ces spectacles horribles. Il est rapporté que ce sont les extrémistes musulmans qui sont derrière cela, qu’ils sont dangereux, etc. La réalité est que le terrorisme n’est pas un grand danger pour les Américains. Il est très probable que nous soyons tués par une foudre ou qu’on se noie dans sa baignoire chez soi. Statistiquement, le terrorisme n’est pas dangereux chez nous. Malheureusement, les médias sont complices avec le terrorisme sous fausse bannière et ont réussi à terrifier les citoyens. Ce qui fait que les Américains ont très peur des musulmans.
Bruxelles vient d’avertir de l’imminence d’attentats en France et en Belgique. Ces menaces existent-elles réellement ou obéissent-elles à des considérations politiciennes pour maintenir la population dans un état de psychose par exemple ?
La majorité des actes terroristes sont contrôlés par les Etats. Il y a, certes, des mouvements de résistance, dans des pays occupés comme la Palestine, le Cachemire, etc. Mais quand il s’agit de terrorisme qui cible des gens innocents aveuglément, en général, ce genre de terrorisme est créé par l’Etat pour des raisons politiques. Nous voyons cela en Europe, depuis l’époque de la guerre froide, quand le programme «Opération Gladio» a tué des milliers d’Européens dans des attentats imputés à la gauche. De nos jours, rien n’a changé. Le programme s’appelle «Gladio B» et consiste à provoquer des attentats terroristes pour, ensuite, les imputer aux «extrémistes musulmans». C’est vrai qu’il y a des musulmans qui sont utilisés comme des boucs émissaires dans ces attentats, mais ceux qui les provoquent sont des professionnels qui travaillent avec les Etats et des compagnies de sécurité.
Washington multiplie les déclarations positives envers l’Algérie, qualifiée de véritable bouclier contre la menace terroriste dans la région. Le très machiavélique establishment américain est-il sincère ?
Ce n’est pas vraiment un compliment. Si j’étais algérien, je ne serais pas très content d’entendre cela parce que si vous habitez un pays gouverné par un pouvoir honnête, les Américains vous diront que votre leader est un «grand terroriste». Les Américains détestaient Kadhafi, Saddam Hussein, détestent Bachar Al-Assad et n’aiment pas le régime iranien, non plus. Pourquoi ? Ce n’est pas parce que ces dirigeants sont des méchants qui portent atteinte aux droits de l’Homme, mais simplement parce que ces gouvernements sont relativement honnêtes avec leur peuple et refusent d’être les esclaves de l’empire et des sionistes. Pour mesurer l’honnêteté de votre gouvernement, il faut juste vous poser la question de savoir si l’administration américaine déteste votre gouvernement ou pas. Si elle le déteste, cela veut dire que votre gouvernement est honnête. Si elle l’aime, cela veut dire que vous avez un problème.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi
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