La chaîne française BFM TV qualifie les terroristes algériens de «combattants islamistes» : peur ou inconscience ?
Certains médias français se rendent coupables de complicité avec les terroristes islamistes. Le font-ils exprès ? Une lectrice, la députée Chafia Mentalecheta, nous a fait parvenir une image qui montre une information telle qu’elle est donnée au bas de l’écran par BFM TV, dans la bande réservée aux actualités : «L’armée algérienne a tué 14 combattants islamistes et saisi des armes lors d’une opération au sud d’Alger (Défense).» Elle accompagne son envoi de quelques lignes qui expriment sa réaction indignée devant cette infamie : «Une fois de plus, le média BFM TV remplace l’information par sa propagande malsaine en lien avec la thèse du « qui tue qui ». Qualifier de combattants les 14 terroristes barbares prêts à commettre le pire contre la population algérienne relève au mieux du terrorisme intellectuel, au pire d’une complicité quand les victimes du terrorisme sont sur l’autre rive. Un terroriste ne sera jamais un combattant car cela sous-entendrait qu’il aurait une cause à défendre, ce qui n’est pas le cas.» Ce n’est pas la première fois que des médias français traitent avec une ambiguïté douteuse les faits se rapportant au terrorisme quand ils se produisent en Algérie. Cette façon de faire laisse entendre que le terrorisme qui frappe la France, avec une fréquence plus grande et un bilan plus lourd depuis quelques mois, n’est pas de la même nature que celui qui a endeuillé notre pays dans les années 1990 et qui a diminué d’ampleur ces derniers temps grâce à la riposte que lui a infligée notre armée, appuyée activement par la population. Que penserait-on, de l’autre côté de la Méditerranée, si une chaîne de télévision algérienne adoptait le même mode rédactionnel en faisant défiler en bas de l’écran une information qui serait rédigée ainsi : «Le combattant islamiste qui a assassiné deux policiers en France a été tué par la police française» ? Est-ce par irresponsabilité ou par peur que BFM TV a choisi le terme de «combattants» pour qualifier des criminels mis, heureusement, hors d’état de nuire ? On a pu constater que l’irresponsabilité de certains médias français est allée jusqu’à reprendre les noms de personnalités citées dans le texte de revendication lu sur Facebook, après son double crime, par le terroriste qui a tué un commandant et une fonctionnaire de police à leur domicile, à Magnanville, dans les Yvelines. Pourtant, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait appelé les médias à faire preuve d’une prudence particulière dans la couverture de l’attentat. Jamais un média algérien n’a fait preuve d’une telle irresponsabilité dans le traitement des questions sécuritaires liées à des affaires de terrorisme. Quant à la peur, elle peut s’expliquer quand on sait que le criminel qui a tué les deux policiers français a précisé, en lisant son message de revendication, que parmi les cibles du terrorisme en France figurent les journalistes. Mais il faut que le personnel de BFM TV comprenne que le fait de qualifier des terroristes de «combattants» ou d’un autre titre plus valorisant, qui peut aller jusqu’à l’apologie inconsciente du terrorisme, ne dispense pas d’être ciblé. La rédaction de BFM TV devrait faire preuve d’une plus grande vigilance dans la rédaction de ses dépêches se rapportant au terrorisme pour éviter de tomber dans un style qui pourrait être assimilé à l’apologie du terrorisme.
Houari Achouri
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