Réseaux sociaux bloqués : une solution de rafistolage
Par Z. Benmokhtar – Comme prévu, le gouvernement algérien a coupé le réseau internet partiellement, et ce, jusqu’au 23 juin, date de la fin des examens du bac. En effet, les réseaux sociaux Facebook, Twitter et Instagram sont inaccessibles depuis samedi soir à 20h, sauf Yahoo. Cette décision intervient suite aux fraudes qui ont émaillé les épreuves du baccalauréat lors de la première session, où des sujets ont été largement diffusés via ces réseaux sociaux, soi-disant pour «protéger les candidats au bac partiel contre les faux sujets». Ce qui a énormément pénalisé les internautes algériens qui n’ont pas digéré cette pratique d’une ère révolue, la censure. Cette mesure de restriction, prise par les décideurs, est pour le moins surprenante, en optant pour une coupure totale et non pas uniquement aux heures des épreuves. Beaucoup de questions restent posées. C’est une première en Algérie, après celle prise durant les émeutes qui ont secoué le pays en janvier 2011, où des perturbations ont été constatées sur Facebook, mais à aucun moment le réseau social n’avait été coupé, malgré la gravité de la situation à cette époque. Cependant, couper, au niveau des trois opérateurs téléphoniques algériens, l’accès aux réseaux sociaux ne pourra pas assurer une protection totale, le risque est de voir des candidats essayer par tous les moyens de contourner cette mesure. Rappelons-nous ce qui s’est passé en Egypte en 2011, en réaction aux premières révoltes, le gouvernement égyptien a d’abord censuré Twitter et Facebook, puis les a bloqués carrément, pour priver les manifestants des meilleurs moyens de s’échanger des informations, et de coordination, ce fut le contraire. De même, la Turquie avait temporairement bloqué les réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d’images d’un magistrat tué lors d’une prise d’otage, suscitant une nouvelle salve de critiques sur la dérive autoritaire du gouvernement au pouvoir. Depuis, le gouvernement turc a multiplié les mesures controversées pour tenter de museler internet et les réseaux sociaux. En novembre 2015, le gouvernement du Bangladesh a entrepris de bloquer l’accès à Facebook, Viber et WhatsApp après que la Cour suprême a confirmé la condamnation à la peine de mort de deux hommes pour crimes de guerre. Mais c’est tout le trafic internet qui s’est effondré pendant plus d’une heure, obligeant la ministre en charge des Télécommunications de ce pays a déclarer que cette coupure était «accidentelle».
Z. B.
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