Le FFS dénonce le projet de loi sur l’obligation de réserve des retraités de l’ANP
Actualisé – Le Front des forces socialistes (FFS) a vertement critiqué les deux projets de loi modifiant et complétant respectivement l’ordonnance relative aux statuts des officiers de réserve ainsi que l’ordonnance portant statuts des personnels militaires. Dans une intervention faite au nom du groupe parlementaire de cette formation politique, Chafaa Bouaiche a exprimé le rejet du FFS de ces textes de loi qui visent à «imposer le “carême” de la parole aux officiers de l’ANP à travers deux projets de loi leur interdisant toute déclaration, et ce, au nom du devoir de réserve et la retenue». «Ces deux projets de loi appellent les observations suivantes : si ces projets de loi sont adoptés, tout propos ou tout discours critique peut être assimilé à une atteinte à l’honneur et au respect dus aux institutions de l’Etat», affirme Bouaïche qui a usé d’un ton acéré pour dénoncer une opération de musellement qui va au-delà de la volonté d’imposer le respect de l’institution militaire. «L’imprécision délibérée qui marque ces projets de loi confère aux autorités publiques un pouvoir exorbitant et discrétionnaire sur tout militaire, qu’il soit officier de carrière, officier versé dans la réserve ou tout militaire», relève le chef du groupe parlementaire du plus vieux parti de l’opposition, pour lequel il ne fut aucun doute que «ces projets de loi visent à créer un domaine réservé aux autorités publiques et à interdire tout propos critique sur la place et le rôle de l’armée dans le pays». Pour ce parti, le devoir de réserve et la retenue ne devraient concerner que les violations du secret militaire dûment établi. «Le régime politique actuellement en vigueur dans le pays est censé être fondé sur le pluralisme. C’est tout le cadre juridique qu’encadrent le fonctionnement et les missions de l’armée qui devraient faire l’objet de débats et de réflexion. Le débat n’a jamais et lieu et force est de constater que le primat du politique sur le militaire n’est pas concrétisé à ce jour», dénonce Bouaïche qui souligne que «ces projets de loi viennent devant l’Assemblée dans un contexte particulier marqué par les positions publiques d’officiers ou de sous-officiers sur les événements tragiques qu’a connus le pays, à l’occasion des campagnes électorales et alors que nous assistons aux grandes manœuvres pour la succession et que les articles de presse évoquent les problèmes de corruption au sein de l’institution». Le FFS s’interroge ainsi sur les véritables enjeux de ces projets de loi, leur relation avec la situation politique actuelle et leur relation avec les prochaines échéances politiques. «Il est légitime, estime Bouaïche, de s’interroger et s’inquiéter. Ces lois ne constituent-elles pas une atteinte aux libertés de pensée, d’expression et d’opinion ? Ces projets de loi obéissent à une logique plus globale en œuvre dans le pays à l’occasion de ce qu’on a appelé pompeusement et faussement des réformes. Nous sommes en présence d’un spasme autoritaire qui vise la judiciarisation du politique», relevant l’absence de la moindre garantie du respect des pluralismes et des libertés, que ce soit pour les civils ou les militaires. «Entre l’emballage et le contenu de ces réformes, il y a tout un monde. L’ouverture et la démocratie pour la vitrine et la fermeture et la répression dans la réalité», insiste le chef du groupe parlementaire du FFS, qui se demande où est l’Etatcivil qui permettra aux députés du peuple d’exercer le contrôle sur le budget de l’Armée qui est de l’ordre de 13 milliards de dollars. «Il est où l’Etat civil qui permettra au Parlement de convoquer le ministre de la Défense nationale et le chef de l’état-major de l’ANP pour les auditionner sur les questions liées à l’institution militaire ?» Bouaïche dénonce le fait que le ministre de la Défense et même le vice-ministre refusent de venir rendre compte aux députés devant l’APN. «Malgré la transformation de notre Assemblée en une caserne, les responsables de l’armée ne souhaitent toujours pas nous rendre visite», souligne-t-il, rappelant que «beaucoup de nos historiques de la Révolution algérienne étaient à la fois des politiques et des militaires». « Allez-vous les réduire au silence ?» s’interroge-t-il comme conclusion.
Soutien au député Tahar Missoum
Par ailleurs, le groupe parlementaire du FFS a exprimé «avec force, son rejet de la suspension de la parole» du député Tahar Missoum, dénonçant «une atteinte à la vocation de l’institution parlementaire qui a besoin d’être soutenue, renforcée et élargie et non d’être bridée par des ukases». «La mesure décidée par le président de l’Assemblée est une atteinte flagrante à la liberté d’expression des membres de la représentation nationale», estime le FFS, pour qui cette interdiction de parole «découle d’une interprétation abusive aux conséquences imprévisibles» et «crée un précédent grave pour bâillonner les députés, tous les députés».
Sonia Baker
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