Des chiffres éloquents
Par Kamel Moulfi – Les informations et statistiques éparses livrées de sources différentes, et plus ou moins crédibles, donnent les éléments d’un diagnostic qui est diversement appréhendé par les experts eux-mêmes divisés dans leur perception des réalités économiques nouvelles qui s’installent dans le pays, et donc, forcément, divergents dans les solutions. Mais il y a un fait têtu : l’Algérie vend nettement moins d’hydrocarbures à l’étranger, d’où des recettes extérieures en chute libre depuis deux ans, qui ne couvrent plus les importations. Le pire est, nous dit-on, que la situation risque de durer tant que les hydrocarbures continueront d’être le pilier de notre économie. Autrement dit : tant que l’Algérie restera dépendante des marchés extérieurs des hydrocarbures. Les «partenaires» de l’Union européenne nous poussent dans cette voie en nous faisant miroiter les perspectives d’accroître la part du gaz algérien dans leurs importations. Ils confirment, visiblement, que l’Algérie ne devrait pas compter sur l’UE pour l’encourager à prendre le chemin de la construction d’une économie hors hydrocarbures. Dix ans de mise en œuvre de l’Accord d’association Algérie-UE, depuis son entrée en vigueur en 2005, ont été largement suffisants pour s’en convaincre. Les chiffres donnés par les sources officielles algériennes sont très éloquents : entre 2005 et 2015, le cumul des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie vers l’UE n’a même pas atteint les 14 milliards de dollars alors que le cumul des importations a été de 220 milliards de dollars. Il est facile de savoir qui est le vrai gagnant dans cette tromperie présentée sous le générique de «gagnant-gagnant». A l’origine, l’Accord d’association avait, principalement, le double objectif de promouvoir les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’Europe et de développer les investissements européens en Algérie. Il n’a atteint ni l’un ni l’autre. En paroles, nos «partenaires» reconnaissent qu’il y a des «correctifs » à apporter à l’Accord, mais dans les faits, ces «correctifs» vont être destinés en priorité non pas à lever les obstacles aux exportations algériennes hors hydrocarbures, mais à permettre à l’UE de prendre les clés des champs gaziers qu’elle veut pomper directement. Les Algériens ne sont pas dupes.
K. M.
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